Vendredi 13 heures , accompagné de mes filles , je me rends à l'aéroport Roissy-Charles de Gaule à Paris, afin de rentrer au Québec. Confiant d’avoir mon vol, on me l’avait confirmé la veille, en me disant: Pas besoin de modifier votre vol, il sera opéré.
Arrivé devant l’afficheur , je vois une foule de personnes, une foule qui envahit tout le hall 2E.
Mon vol est annulé...
On se dirige vers le comptoir pour échanger nos billets; 300 personnes attendent ...Certains depuis la veille au soir.
Je vois qu’un vol part dans deux heures .....j’approche du début de la file pour signaler ma présence, et mon envie de prendre ce vol.
On me répond d’attendre....j’attends une heure....
La grogne monte ....çà bouge pas, et on nous annonce que l’on partira le lendemain, samedi , ou lundi et ensuite pas avant mercredi.
Entre en scène , le reste des agents d'accueil .
L’un d’entre eux vient vers moi, et me demande ce que je désire. Euuuu partir.
Je leur signale que mes filles ont pas mangé, et quelles commencent à avoir vraiment faim . 14h30.
On me donne trois tickets pour manger , mais je leur dit qui va garder ma place dans la file.
Vu ma colère qui monte , un deuxième agent vient à la rescousse en me disant d’aller chez moi.......ils m’offrent le taxi......
Et c’est là que les embrouilles commencent, car ici , la France n’est plus mon chez moi.
Mais comment croire une personne qui a un accent français.
Ils me disent de rentrer dans ma famille au pire.....je leur dit oui mais en avion , ma famille est à 500km.
Pour discuter , j’ai été obliger de sortir de la file.....Pourquoi ne veulent ils pas me croire que je ne vit pas ici .....ça fait plus de 24 heures que je suis débout pour venir chercher mes filles. les filles ont faim et peur...une valise vient d’être explosée.......
Le vol pour Montréal est proche de partir ... les solutions sont très minces.
Non seulement , on veut pas comprendre, mais en plus on essaie de me parler de la solidarité envers ce conflit, la grève à la française. Autour de moi , il n’y a que des étrangers qui rentrent travailler. Le choc des cultures pour beaucoup. une prise d’otages moderne....
J’essaie d’expliquer, à mes compatriotes, que les conditions de travail pour ses personnes qui attendent , sont pour certains sur le fil du rasoir.
Je m’aperçoit de mon décalage, aussi, avec cette vie française , cette langue de bois que l’on croit plus grande ici au Québec. Mon décalage, qui fut vite combler par un excès d’impatience, qui a été pour moi le retour du maudit français.
Une fois la voie élevée , on m’écouta . Non , je ne suis pas d’ici , non je les comprends pas, on veut juste rentrer passer un moment ensemble les filles et moi.
Toutes les 5 minutes qui ont suivi, je suis allé les harceler , avec des excuses plus ou moins bidons : possibilité de perte d’emploi, si je ne part que mercredi, ma situation pas facile au niveau de l’argent , mes filles , ma fatigue, et surtout ma sainte horreur de la ville , de la foule.
Ils ont senti en moi un potentiel de problèmes, aussi bien physique que psychologique. 16h30 une personne s’approche de moi et me demande de venir avec mes filles. Je refuse, .je ne veux pas perdre ma place dans la file. La personne insiste et me dit de me taire et de la suivre. Trois billets sur le prochaine vol de Montréal qui a été retardé.....
On fonce , on est heureux , la sécurité est franchis avec beaucoup de facilité.
On monte dans l’avion qui a 200 passages au lieu des 380.
Ces allées-retours en France sont à chaque fois un choc pour moi; le calme et la tranquillité que j’ai ici , sont incompatibles avec la vitesse et la non considération d’autrui, la bas. Cette fois ce fut un choc , un carnage , un goût amer.