Printemps des poètes: hommages aux femmes poètes afghanes 2

Par Xavierlaine081

Le cri

Moi de l'espace vide du miroir et du printemps

de l'intérieur de cette cabane obscure

sans lumière ni chanson

de la ville sans arbre

sans joie ni allégresse

je crie

Moi du pays des ignares aux trônes

des coeurs amoureux ciblés de balles

des ruelles morgues

du gel de la mer

des marécages

je crie

de là où les clous

sont plantés

à la raie des hommes

de là où le sang et la cervelle des jeunes et des enfants

sont balayés

du pavage des rues et des avenues

des poignards de la haine de l'étranger aimant

du gel de la statue des hommes grands

du rugissement effroyable des bombes

des souterrains obscurs et sans fente

sans lumière, sans air

je crie

de là où depuis des années

le cercueil du cadavre du front de libération

tourne sur les épaules éternelles de la folie

Moi de la gorge blessée de la mère

sous la pression des griffes du diable

je crie

les cris endormis par cette désolation intérieure

un chant étouffé

une fois

de cet espace

et de cette prison de torture dont je ne sais quelle sorte fuit

les démoniaques s'ils entendent ma plainte

éteindront alors misérablement ma voix 

Poème de Homa Azar (Afghanistan)