Le cri
Moi de l'espace vide du miroir et du printemps
de l'intérieur de cette cabane obscure
sans lumière ni chanson
de la ville sans arbre
sans joie ni allégresse
je crie
Moi du pays des ignares aux trônes
des coeurs amoureux ciblés de balles
des ruelles morgues
du gel de la mer
des marécages
je crie
de là où les clous
sont plantés
à la raie des hommes
de là où le sang et la cervelle des jeunes et des enfants
sont balayés
du pavage des rues et des avenues
des poignards de la haine de l'étranger aimant
du gel de la statue des hommes grands
du rugissement effroyable des bombes
des souterrains obscurs et sans fente
sans lumière, sans air
je crie
de là où depuis des années
le cercueil du cadavre du front de libération
tourne sur les épaules éternelles de la folie
Moi de la gorge blessée de la mère
sous la pression des griffes du diable
je crie
les cris endormis par cette désolation intérieure
un chant étouffé
une fois
de cet espace
et de cette prison de torture dont je ne sais quelle sorte fuit
les démoniaques s'ils entendent ma plainte
éteindront alors misérablement ma voix
Poème de Homa Azar (Afghanistan)