I Was Born To Be ...

Publié le 19 avril 2009 par Heard @duckdiving

Lester Bangs déclarait que la nullité était le critère le plus authentique du rock'n'roll. A partir de là la question est donc de savoir ce qu'il aurait pu penser d'un album comme Born To Be A Motorcycle de Bunky.
Leur unique album à ce jour est sortie en 2005, à l'époque, notre principale préoccupation était de chercher un successeur aux Libertines, enfin, je dis notre, mais ma préoccupation de l'époque était plutôt de savoir quelque chose de ces Libertines, ma grande fierté, est que quand j'ai acheté le 2ème album, le groupe était encore vivant, enfin, par vivant, j'entends que Pete Doherty jouait avec les Babyshambles et que Carl Barât allait officialiser la séparation du groupe la plus définitive jusqu'à aujourd'hui 4 jours plus tard. Enfin, bref, toujours est-il qu'à cette époque, l'intégralité de la planète, à l'exception de ma pauvre pomme, en retard une fois de plus cherchait qui seraient les nouveaux Libertines. Parmi les plus sérieux, on pouvait trouver Bloc Party, les Rakes, les Kills, Kaiser Chiefs ... on parlait aussi des Subways, Kill The Young, des Others, des Paddingtons, de Louis XIV, de Hard-fi, de Art Brut, d'Editors des Dead 60's, de Maxïmo Park ou encore des Test Icicles, on ne parlait pas assez des Dogs, et on allait bientôt beaucoup parler des Arctic Monkeys.
Autant dire que perdu dans cette jungle, un album avec un nom loufoque, une pochette avec des dessins bizarres (pour ne pas dire moches) et des chansons qui parlent d'être aussi drôle que la Lune, d'avoir envie de pisser, ou encore une chanson de plus de 3 minutes pour réclamer un verre d'eau (!), avait bien peu de chance d'être considéré comme il le méritait.
Profondément débile, quand on veut parler rock, on dit primal, mais là on ne peut pas dire primal, leur guitariste a de la barbe, parfois des lunettes, et un début de calvitie, donc ça ne peut pas être primal, d'ailleurs, si on met de côté cette nullité chère à Lester Bangs, on ne pourra dire que du bout des lèvres que c'est du rock'n'roll, bien que Funny Like The Moon, et son refrain qui donne son nom à l'album mériterait d'être érigé au rang des hymnes rocks, juste à côté de Gloria, surtout quand un tel titre est suivi d'une des chansons les plus basiques jamais écrites : Gotta Pee et son refrain qui se base sur un seul accord répété le plus vite possible et pour seul texte un philosophique "1,2,3,4". En fait, cette chanson est un appel à une démocratisation extrême de la musique, puisqu'il suffit d'avoir des bras pour pouvoir jouer ce morceau (et encore on doit pouvoir se débrouiller sans, mais c'est un peu plus dur), avec ce morceau, c'est la disparition des types qui friment avec une guitare dans les soirées (souvent en jouant de la merde en plus), n'importe qui peut taper sur la caisse en braillant GOTTA PEE SO SO SO et en balançant son accord derrière.
Soyons fou, et allons encore plus loin, sur le morceau d'ouverture Baba, les saxophones en totale liberté, puisque basse et guitare ont cessé la surveillance, nous rappellent presque le saxophone de Andy Mackay sur le premier Roxy Music. le groupe est aussi capable d'ironiser sur ses contemporains, en revendiquant l'inutilité des textes avec une chanson dont les paroles se limitent à des "ah" et des "ouhh", interrompus seulement par 2 "Baby I Love You" au milieu de la chanson, qui en disent encore moins que le reste du 'texte'; donc la chanson renvoie chez leur mère tout ceux qui font de cette maxime l'essence même de leur texte, bon sauf les Ramones, de un parce qu'ils sont morts (leurs mères j'en sait rien, et à vrai dire, j'ai d'autres préoccupations dans la vie) de deux, c'est une reprise sur leur meilleur album et de trois, ils l'ont faite à cause de Phil Spector, qui est un bien plus gros psychopathe que la plupart des personnes que j'ai pu considérer comme telles (mais j'informe ces personnes que je ne retire pas ce que j'ai eu l'occasion de dire pour autant). Bunky nous font aussi des ballades, mais quand ils le font, c'est encore une fois avec des textes débiles et une flûte atroce sur le final. Et puis il y'a aussi Glass Of Water, là on atteint des sommets, des trompettes clownesques et un mec qui beugle "I WANT A GLASS OF WAaaATER" sur tous les tons, et des gens osent faire des chansons avec ça ! non mais vraiment ... après ça plus rien ne peut nous surprendre, et justement, plus rien ne nous surprend puisque l'album se termine tout gentiment.
Moralité, depuis 2005, j'ai rattrapé une bonne partie de mon retard, mais des albums comme Born To Be A Motorcycle, j'en ai pas rencontré des milles et des cents, donc plutôt qu'écouter ceux qui ont fait parler d'eux à l'époque en se contentant de reproduire des groupes dont le meilleur album est sorti en 1979, allez donc danser sur Funny Like The Moon.