Reconstruire ou refonder après le séisme, le grand débat aujourd’hui
L’économiste Kesner (Roro) Pharel est d’accord avec le concept refondation de l’Etat véhiculé par le président Préval par opposition au concept reconstruction utilisé par la communauté internationale dans la deuxième phase de son intervention dans le drame haïtien (séisme du 12 Janvier). Toutefois, M. Pharel doute de l’intelligence et de la capacité de l’équipe en place à engager les vraies reformes susceptibles de nous mettre sur la voie de la refondation de l’Etat. « La vraie reforme doit se faire au niveau de la mentalité car, il n’est pas certain qu’avec la même vision de l’avant 12 janvier, le même esprit de clan et de mesquinerie, on peut arriver à quoi que ce soit de sérieux dans ce pays », a encore dit l’économiste qui a été attaqué sur sa propre contribution à l’effort de changement par un autre intervenant à ce panel de Ranmase de ce samedi, l’entrepreneur Fritz Brandt qui a reproché au journaliste-économiste un document-cadre à l’élaboration duquel il a participé au profit de la banque centrale (Fonds de garantie partielle de crédit) et qui, selon M. Brandt prend beaucoup plus en compte les problèmes du secteur bancaires et non ceux des investisseurs ou entrepreneurs. Un débat vif et riche a été engagé par les deux hommes sur la nécessité ou l’opportunité de recapitaliser le secteur privé des affaires pour stimuler la croissance et la création d’emplois et éviter une faillite économique collective dans ce pays. M. Michel Chancy, secrétaire d’Etat à la production agricole est lui intervenu sur les efforts du pouvoir central pour revaloriser la production locale et éviter que l’aide alimentaire de l’International n’enterre pas l’investissement agricole national. ‘’Dans toutes les discussions que nous avons eues avec les représentants du PAM par exemple, nous avons insisté pour que son aide priorise nles produits haïtiens ; c’est-à-dire qu’il vienne avec l’argent pour acheter les produits sur place’’, a indiqué l’officiel du gouvernement qui est aussi entrée dans une défense aveugle du travail du gouvernement sans se préoccuper des critiques locales et internationales sur le manque de leadership et de vision de l’équipe en place. « Il est toujours facile de critiquer sans s’informer sur ce qui se fait de positif », s’est emporté M. Chancy provoquant l’étonnement des autres invités pour qui, l’échec du gouvernement dans la gestion de la crise née du 12 Janvier est patent. Dans un autre registre, l’économiste Pharel qui a été interrogé concernant le débat pour l’annulation de la dette externe d’Haïti (qui se chiffre à un peu moins d’un milliard de dollars américains) a expliqué qu’il n’est jamais très enthousiaste à cette idée car, une fois obtenue, les bailleurs ajoutent une close interdisant au pays de prêter pendant une période cinq ans au moins. ‘’Or si on a des projets viables et sérieux et dont la rentabilité est garantie, on aurait pu avoir besoin d’un prêt substantiel que les subventions ne peuvent pas financer ‘’, note l’économiste appuyé par Fritz Brandt qui s’attend à des injections massives de capitaux dans l’économie pour permettre au marché de redémarrer. ‘’Dans le cas contraire, insistent Pharel et Brandt, en 2020, on retrouvera un pays encore plus pauvre qu’il ne l’était avant’’. |