Nicolas Sarkosy : vous avez dit Françafrique c'est fini !

Publié le 25 février 2010 par Marine8888

Pas sûr que Nicolas Sarkosy ait bien compris les enjeux de l'Afrique et pas sûr non plus, contrairement à ce qu'il affirme, qu'il soit sorti du système françafrique qui prévalait au siècle dernier. Son voyage africain commence au Gabon... l'un des plus fidèles alliés de la France en Afrique. Nicolas Sarkosy  a salué la «très remarquable maturité» démocratique du pays qui a élu en septembre dernier Ali Bongo, fils de l'ex-président Omar Bongo, décédé le 8 juin 2009. Il a aussi invité le pays à sortir d'une «forme d'amertume», référence au passé colonial de la France au Gabon, et a dit souhaiter «un nouveau contrat basé sur une relation décomplexée». Le discours n'est pas neuf, la démocratie approximative. Le Gabon est l'un des pays de stationnement de 800 militaires, le 6ème Bima des FFG (Forces françaises au Gabon)
Selon le site lesechos.fr http://www.lesechos.fr/info/reperes/echosup20090615_04.htm
"La France est le premier fournisseur du Gabon et son deuxième client :
- Elle recouvre 40 % des achats gabonais, dont les achats de pétrole gabonais qui continuent à augmenter.
- Les échanges ont représenté 966 millions d'euros en 2007 (avec un excédent de 32 millions).
- 75 % des exportations françaises vers le Gabon sont des biens d'équipement, biens intermédiaires et biens de consommation.
- 96 % des importations françaises en provenance du Gabon sont des matières premières (pétrole, bois et manganèse).
La France est présente dans tous les secteurs de l'économie gabonaise : plus de 150 filiales ou succursales d'entreprises y sont ancrées. Le Gabon est également la 2e destination d'investissements français dans la région subsaharienne, après le Nigeria.
Avec 850 millions de dollars d'actions, la France recouvre plus de 75 % de l'investissement dans les matières premières, notamment :
- le pétrole (53 % du PIB, 79 % des recettes d'exportation) - Total contrôle près du tiers de la production ;
- les ressources minières, manganèse en tête, exploitées par la Comilog, sont détenues à 66 % par le français Eramet aux côtés de l'Etat ;
- l'exploitation de bois tropicaux est dominée par le groupe français Rougier. "
Cela vaut bien de flatter le fils d'Omar...
Petit détour par le Mali pour saluer Pierre Camatte, otage fraichement libéré par l'émir salafiste  Abouzeid.. et sur ce sujet, allez, toute affaire cessante, lire l'article d'un humour décapant de B. Daou paru sur le site maliweb : http://www.maliweb.net/category.php?NID=57257&intr=
Petit extrait pour les paresseux et les pressés : "Par ce détour qui prend beaucoup du temps d’un chef d’Etat et qui est peu indiqué pour la couche d’ozone surtout pour un militant chevronné de Copenhague, tout cela, de surcroît, pour un blédard vosgien que son turban a bien failli pendre, le président français donne plus de valeur à la citoyenneté française. Un citoyen ordinaire en Afrique, jouir d’un tel privilège ? Ceci relèverait de la fable. "

Qaunt à son passage éclair à Kigali au nom d'une réconciliation,  trois heures sur place, un voyage au poids symbolique immense… Car il est censé tourner la page des querelles qui ont empoisonné les relations diplomatiques entre les deux pays depuis 1994, l’année du génocide... En quatre mois, d’avril à juillet, entre 800 000 et un million de tutsi rwandais sont massacrés. Depuis cette date, la France est accusée d’avoir sa part de responsabilité dans ces événements tragiques, puisqu’elle soutenait diplomatiquement, militairement et économiquement le pouvoir du président Habyarimana au cœur duquel se sont développées les forces génocidaires…
Une histoire qui comporte encore bien des zones d'ombre mais là, N.Sarkosy va de l'avant, ne s'embarasse pas d'excuses et se dédouane à bon compte des responsabilités avérées de la France si l'on en croit André Guichaoua, auteur d’un livre publié aujourd’hui-même par les éditions de La Découverte… « Rwanda, de la guerre au génocide. Les politiques criminelles au Rwanda (1990-1994) » qui était à Kigali au moment de ces évènement tragiques et qui a été témoin-expert près du Tribunal pénal international  pour le Rwanda (TPIR).
Alors quoi de neuf sous le soleil africain... pendant que la diplomatie française poursuit une politique peu différente de celle qu'elle disait vouloir enterrer, les chinois et les arabes investissent à tout va et les maliens continuent d'être expulsés de l'Hexagone ... Une expulsion édifiante parmi d'autres, en 2008, une marocaine de Lille s’est fait expulser alors qu’elle était venue déposer plainte contre son mari violent, certificats médicaux à l’appui. Elle s’est présentée au commissariat, s’est fait arrêter, envoyée au centre de rétention avant d’être expulsée vers le Maroc.  De la diplomatie africaine à la manière Besson-Hortefeux !