La tempête Xynthia qui a durement frappé le littoral de Vendée et de Charente-Maritime et a tourné à la catastrophe meurtrière sur les communes de la Faute-sur-Mer et de l’Aiguillon-sur-Mer nous choque. Par sa brutalité et par le fait aussi qu’une bonne partie des victimes sont de modestes retraités venus chercher là une contemplation bien méritée de l’océan.
Elle nous choque par sa cruauté. Elle devrait nous choquer aussi par sa… prévisibilité. Prévisible parce que le risque encouru était clairement annoncé des heures auparavant par les services de la météorologie nationale. Prévisible parce que les experts de la DDE avaient précisément rappelé le risque et tiré en vain la sonnette d’alarme. Prévisible surtout parce que construire des lotissements sur des terrains inondables, en dessous du niveau de la mer, et derrière des digues mal entretenues, s’est payer cher la liberté de vivre en « première ligne » du rivage comme disent les agents immobiliers. C’est payer cette liberté au prix de l’oubli de la sécurité. Coupable amnésie. Qui avait la « mémoire » des digues ? Les paysans et les pêcheurs qui vivaient auprès d’elles, les entretenaient, exploitaient les « prés salés ». Et qui savaient pertinemment qu’il ne fallait pas se risquer à construire des maisons sur ces terrains, derrière les digues, en contre bas du niveau de la mer. La mémoire des digues s’est perdue avec eux. Noyée dans l’amnésie imprudente des élus, l’amnésie intéressée des promoteurs immobiliers et celle insouciante des nouveaux habitants.