Certains jours, je suis vraiment satisfaite de mon look. Je me trouve jolie, tendance. Ma confiance en moi atteint des sommets et j’ose des trucs qui, d’autres jours, me sembleraient bien trop audacieux.
Ces matins-là, il se produit un phénomène étrange.
En descendant les marches de l’escalier qui mène au quai du métro, insensiblement, mes genoux remontent un peu plus haut. Sur le quai, mes pas s’allongent, mes pieds se mettent à suivre une ligne droite invisible et mon regard se perd vers un horizon qui n’existe pas.
Pour peu que mon I-pod s’y mette aussi, en lançant un musique un poil appropriée, et c’est parti.
Je suis tout bonnement en train de défiler.
Et en fait, tout le monde joue le jeu : moi, je me crois sur un podium, certes, mais les gens présents me dévisagent, me toisent, détaillent ma tenue : c’est mon public.
Et il est impitoyable, ce public-là : un seul rang, tout le monde au front row. Et pas d’applaudissements ou de champagne. Le quai du Métro, c’est le catwalk du pauvre.
Tout se passe avec les yeux.
- Un regard appréciateur d’une femme et hop c’est emballé, on se sent confortée dans nos choix vestimentaires, complètement à la pointe, éventuellement jalousée bref, hyper valorisée.
- Un regard appréciateur d’homme et hop c’est emballé, on se sent confortée dans notre statut de femme, complètement bombasse, même on se demande si demain on mettra une jupe aussi courte, peut-être que non, quand même.
- Pas de regard du tout : le fiasco. On se sent pas sûre de nous, complètement pas à l’aise dans cette jupe grotesque qui plisse ici et remonte tout le temps là. Il arrive même que je file chez le Zara le plus proche à l’heure du dej pour acheter n’importe quoi qui me permette de me changer au plus vite.
Demain matin, regardez autour de vous sur le quai du métro. Vous verrez que vous en trouverez, vous aussi, des tops models du mardi-matin-station-Notre-Dame-de-Lorette. Et j’espère que vous serez sympa avec elle !