Jeudi dernier, Anne Bauer, grand reporter aux « Echos », n'y est pas allée de main morte dans sa recension du dernier livre de Claude Allègre, « L'Imposture climatique ». « L'ouvrage ressemble davantage à un pamphlet, où la mauvaise foi le dispute au simplisme, qu'à l'ouvrage d'un homme de science. » La thèse du réchauffement climatique a tellement de défenseurs, et d'une telle autorité, qu'on ne comprend pas pourquoi Anne Bauer a jugé devoir monter si promptement au créneau. Le lendemain, le même Claude Allègre avait droit, pour le même livre, à une page entière du « Monde ». « Le cent-fautes de Claude Allègre », où le journaliste, Stéphane Foucart, cherche à le disqualifier comme autorité scientifique. « Il commet des erreurs. C'est donc lui l'imposteur. » Pas un mot sur la thèse. Décidément, voilà un domaine, le climat, où l'on perd sa neutralité au profit de ses convictions militantes.
Ce débat est fort important. C'est un débat d'éthique des sciences. C'est un débat politique où se reflète le fonctionnement du pouvoir dans nos démocraties. C'est un débat qui ne doit pas être esquivé. Le courage de Claude Allègre est double. Il est d'abord celui d'exprimer ses doutes sur une thèse - le réchauffement climatique (qu'il ne conteste pas) est essentiellement dû aux émissions de CO2 provenant des activités humaines (ce qu'il conteste). Une thèse qui, en France, a été élevée au rang d'un dogme incontestable, plaçant tout sceptique en situation d'excommunication. Plutôt que de se taire, ce que jugent désormais plus prudent les « climatosceptiques », Claude Allègre explique pourquoi on peut douter d'une doctrine dont la construction n'a pratiquement pas fait l'objet de discussion en France, à l'exception du livre consacré aux « Modèles du futur » sous la direction de Amy Dahan Dalmedico (La Découverte, 2007).
Ce qui dérange dans le livre de Claude Allègre n'est pas tant qu'il exprime ses doutes sur la thèse officielle, mais qu'il mène, un peu comme un détective, une sorte d'enquête pour comprendre comment une hypothèse douteuse a pu devenir une évidence presque mondialement indiscutable. Car la notion de « réchauffement climatique » n'a rien d'une évidence. Elle ne va pas de soi. Elle ne se donne pas à la perception, malgré ce que veulent faire croire les images des films de Al Gore ou Yann Arthus-Bertrand. Elle s'appuie sur une construction intellectuelle aussi complexe que précaire, où les observations cèdent le pas devant des modélisations qui schématisent les données en opérant, dans les faits, des sélections que Claude Allègre conteste. Du point de vue scientifique, la thèse de Claude Allègre consiste à s'étonner que l'on donne tant d'importance à des modèles mathématiques alors même qu'ils semblent incapables d'intégrer les observations. La critique est importante et concerne en particulier les méthodes de l'instance internationale d'expertise, le GIEC, qui, comme le montrent les polémiques récentes, semble plus attaché à retenir ce qui conforte le « consensus » qu'à chercher à pondérer les probabilités relatives des scénarios en présence.
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On pourra aussi lire avec intérêt cette liste de scientifiques sceptiques sur le réchauffement climatique, la critique de Ma vérité sur la planète ou les articles sur l'environnement et l'écologie de Contrepoints.