La politique publique des Etats Unis en matière d'intelligence économique s'est beaucoup développée à partir des années 90, et ce, entre autres raisons, à cause du développement économique de l'Europe et du Japon, de la fin de la guerre froide et du développement d'Internet. Ainsi, la globalisation du marché, et donc l'émergence de nouveaux concurrents, a incité le gouvernement à mettre au service des entreprises américaines des outils qui leur permettrait de faire face au nouveau contexte mondial.
Concrètement, cela s'est traduit par la mise en place d'une infrastructure fédérale puissante et la création de nombreuses organisations. Parmi celles-ci, on dénombre :
- L'Information Security Oversight Office, chargé de la protection et de la gestion des informations confidentielles dans les domaines technologiques et économiques ;
- Le National Counter Intelligence Center, chargé du contre-espionnageéconomique, où l'ensemble des administrations américaines sont conviées à travailler en partrenariat avec les entreprises, c'est à dire à rechercher et à leur transmettre toute information qui pourrait leur être utile ;
- Le Committee on Foreign Investments, chargé de réguler les acquisitions d'entreprises américaines par des entreprises étrangères ;
- Ou encore la War room, présidée par le sous-secrétaire d'Etat au commerce extérieur. Chargée de définir et de conduire la stratégie en matière d'intelligence économique, elle est composée des représentants des principales agences fédérales et de tous les organismes à vocation économique. L'objectif principal de la War room est de "permettre aux entreprises américaines de conquérir les marchés internationaux en leur offrant l'aide de l'ensemble de l'administration américaine en s'attaquant si nécessaire à leurs compétiteurs directs comme les principaux pays européens ainsi que le Canada et le Japon."
Ainsi, les Etats Unis ont pu mettre en place une réelle stratégie de guerre économique en mobilisant toutes ses forces, ce qui se traduit aujourd'hui, dans le Joint Vision 2010, par la volonté de "détenir la superiorité dans le domaine de l'information, c'est à dire la capacité à collecter, traiter et diffuser l'information en flux continus, et empêcher dans le même temps l'adversaire d'acquérir cette capacité."
Sources :Pierre Conesa, L'intelligenceéconomique et stratégique : l'organisation française, janvier 2004.IHESI, 14ème Session Nationale d'Etudes, Entreprises et intelligence économique : Quelle place pour la puissance publique ?, 2002 / 2003.