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Ce jeune schyzophrène, orphelin de père depuis ses 16 ans met sur pied au début des années 60 plusieurs groupes de musique avec toujours comme point commun son bon ami bassiste, Roger Waters.
Il seront The Abdabs, The Screaming Abdabs, Sigma 6, The Meggadeaths, The Tea Set. Puis réalisant qu'un autre band se nomme aussi The Tea Set, ils changent le nom pour The T-Set. Ce qui ne plait pas davantage à l'autre band qui menace de les poursuivre. Barrett choisit donc The Pink Floyd Sound qui est un marriage des prénoms des bluesman Pink Anderson et Floyd Council.
Le nom sera finalement contracté à Pink Floyd.
Jouant des reprises des chanteurs rythm & blues comme le font déjà les Rolling Stones, les Kinks ou les Yardbirds, Pink Floyd, sous l'influence de Roger Waters choisit de se donner une direction plus jazzée afin de se distinguer des autres bands émergeant de 1965. Barrett tire la couverte davantage en direction du psychédélisme et reste le leader du groupe à ce moment.
Leur premier album The Piper at the Gates of Dawn est écrit majoritairement par Syd Barrett (8 morceaux sur 11 + 2 co-écrites) et est enregistré au même studio et en même temps que les Beatles enregistrent Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band. Pink Floyd est dans le studio 2 de Abbey Road et les Beatles sont dans le studio 3 dans la fenêtre d'à côté.
Si Roger Waters(le bassiste), Nick Mason (le batteur) et Rick Wright (aux claviers) apprennent beaucoup des petits gars de Liverpool à côté, Syd pour sa part plonge lourdement dans la consommation de drogue de toute sorte. Majoritairement le LSD.
Le premier album de Pink Floyd est un succès avec les singles Arnold Layne et See Emily Play. La pression se fait plus pesante sur Barrett. Il perd légèrement le nord et multiplie les ânneries. Il arrive en studio avec une compositon dont il change volontairement les accords à chaque essai, un morceau nommé "Have You Got It Yet?". Avant que les gars ne comprennent le sens de l'humour de Syd, on perd une fortune de temps de studio. Barrett devient imprévisible et instable. Lors d'un concert il désaccorde sa guitare du début à la fin de leur interprétation de Interstellar Overdrive. Lors d'un autre concert il se place de la drogue dans les cheveux afin que celle-ci atteigne son cerveau plus rapidement. Avec la chaleur des projecteurs sur scène, les drogues fondent et lui coulent dans le visage ce qui lui donne l'air d'une chandelle de cire. Souvent il cesse carrément de jouer désatabilisant les autres membres du groupe forcés à improviser (ce qui n'est toutefois pas contraire à la nature du jazz).
On fait appel à un guitariste de remplacement durant la tournée désastreuse des États-Unis. Barrett est évasif, cesse de jouer sur scène à tout moment ou oublie tout simplement de se présenter aux spectacles. Lors d'une prestation télé c'est Roger Waters qui fait semblant de chanter Apples & Oranges car Barrett est incapable de faire du lipsynch.
Bien qu'il soit la voix principale de la plupart des morceaux, le deuxième album A Saucerful of Secrets ne contient qu'une seule chanson de Barrett. Une chanson dans lequel il semble avoir compris que le talentueux guitariste amené dans le band pour le remplacer régulièrement, David Gilmour, est peut-être là pour toujours. Sa contribution, Jugband Blues, s'ouvre sur les mots "It's awfully considerate of you to think of me here/And I'm most obliged to you for making it clear/that I'm not here". Barrett assite au spectacle de son propre band dans la première rangée de chaque spectacle en souhaitant chaque fois être invité sur scène.
En Mars 1968 les membres du groupe choisissent de ne pas aller le chercher avant de se présenter en studio pour leur prochain effort. Quelques semaines plus tard il est officiellement renvoyé du groupe.
David Gilmour et Roger Waters aident Barrett à produire son premier album solo The Madcap Laughs. Le groupe Soft Machine joue beaucoup sur cet album aussi. Barrett se peinture encore dans le coin même sur ses projets solo. Son deuxième album solo a David Gilmour à la base, Rick Wright aux claviers et composant la plupart des morceaux et le batteur de Humble Pie, Jerry Shirley. L'album est enregistré sporadiquement sur 3 ans et sort dans l'indifférence totale. Lors du seul (et dernier) concert qu'offre Barrett pour soutenir l'album, dès la quatrième chanson et après des problèmes de sons, Barrett place poliment sa guitare au sol et quitte la scène. Et le domaine public pour toujours.
Nous sommes en 1972. Barrett vit en hermite loin des projecteurs.
David Bowie tente de le sortir de sa tanière pour une collaboration en 1974 mais sans succès, The Damned et The Sex Pistols le veulent comme producteur pour leurs premiers albums mais Barrett n'entend que les voix dans sa tête.
Quand il se pointe en studio alors que Waters, Gilmour, Wright et Mason enregistrent l'album Wish You Were Here, c'est la consternation. Il a beaucoup grossi, il s'est rasé le crâne et les sourcils (voir photo ici) et il saute avec frénésie, une brosse à dent dans la bouche, en prétendant être capable de se brosser les dents sans utiliser ses mains. Les anciens amis ne comprennent pas tout de suite de qui il s'agit. Puis, lorsqu'ils le reconnaissent, en sont si ému que Waters s'effondre en larme. L'album lui est complètement consacré et les pièces Shine on You Crazy Diamond et Wish You Were Here sont directement adréssée à lui.
Barrett se retire à Cambridge et vit des royautés des deux premiers albums de Pink Floyd. Gilmour s'assure qu'il ne manquera jamais d'argent.
Lorsque Barrett meurt du cancer du pancréas en 2006, il a 1,7 millions qui dort en banque.
Son certifcat de décès affiche "retired singer".
Son band lui doit beaucoup et vice-versa.
Et nous encore plus.