Dans l'Allemagne Nazie d'Adolf Hitler, Herbert Von Karajan, chef d'orchestre Autrichien, fait ses débuts au Festival de Salzbourg en dirigeant La Nuit de Walpurgis de Mendelssohn dans une production du Faust de Goethe par le metteur en scène Max Reinhardt.
Nous sommes en 1933.
La même année il fait une demande pour être membre du Parti national-socialiste des travailleurs allemands. Demande qui lui est bien entendu refusée par Hitler qui l'oblige à devenir Nazi.
Deux ans plus tard il réussit secrètement à obtenir sa carte du Parti national-socialiste des travailleurs allemands.
Il est le plus jeune chef d'orchestre allemand en 1935 et il est invité à diriger à Stockholm, Bruxelles et Amsterdam. En 1937, il fait ses débuts à la tête de l'Orchestre philharmonique de Berlin et de l'Opéra national dans Fidelio.
C'est en 1938 qu'il obtient son premier grand succès à Berlin en dirigeant Tristan et Isolde. Il devient alors un pion utilisé contre Wilhelm Furtwängler dans la guerre culturelle interne qui oppose Joseph Goebbels à Hermann Goering pour le contrôle du monde musical allemand. Goebbels soutient l'Orchestre philharmonique de Berlin et Goering l'Opéra national.
En 1939, Karajan s'attire la furie d'Adolf Hitler lors d'un concert de gala donné en l'honneur des monarques yougoslaves. Un chanteur se goure dans son chant, il perd le fil conducteur (Karajan dirige toujours ses artistes sans partition) les chanteurs cessent alors subitement de chanter et, dans la plus grande confusion, le rideau tombe. Hitler est hystérique de colère. Il jure que la carrière de Karajan sera toujours court-circuitée par lui. Karajan demeure cependant à la tête de l'orchestre de la Staatskapelle de Berlin à l'Opéra national.
En 1942, il est exclu du parti nazi pour avoir épousé une femme qui a un quart de sang juif.
Après la guerre, en 1947, il est « dénazifié » par les Alliés. Il devient chef d'orchestre permanent du Philharmonia Orchestra à Londres puis, après la mort de Furtwängler en 1954, il est élu en 1955 chef à vie de l'Orchestre philharmonique de Berlin. Dès cette année-là, après un premier concert à New York, il fait avec l'orchestre une grande tournée aux États-Unis, qu'il renouvelle l'année suivante.
En 1956, Karajan revient au premier Festival qui lui avait donné sa chance et prend la direction artistique du Festival de Salzbourg, qu'il ne quittera pas jusqu'en 1988. En 1957, il est directeur artistique de l’Opéra d’État de Vienne, poste qu'il quitte en 1964. En 1967 il crée le Festival de Pâques de Salzbourg, tout en restant à la tête du Festival de Salzbourg. De 1969 à 1971, il est le directeur artistique de l'Orchestre de Paris. C'est alors qu'il enregistre sur disque une oeuvre maitresse de Wagner Das Rheingold qui fait date par son parti-pris de transparence sonore et de légèreté orchestrale.
A l'orée des années 80, Karajan joue un rôle capital dans le développement de l'enregistrement numérique et apparaît dans la première conférence de presse annonçant la création du disque compact. À partir de 1982, ses rapports avec « ses » musiciens de Berlin sont de plus en plus tendus et Karajan va de plus en plus souvent diriger à Vienne. En 1987, il dirige le Concert du Nouvel An au Musikverein de Vienne avec la soprano Kathleen Battle.
Usé par la maladie et la douleur, il démissionne en 1989 de l'Orchestre philharmonique de Berlin, et réalise chez Deutsche Grammophon et avec l'Orchestre philharmonique de Vienne, son dernier enregistrement, celui de la septième symphonie de Bruckner.
Il acquit la villa "La Palme" en bord de mer au Cap de Saint-Tropez en 1958, à l'entrée de la baie des Canoubiers, où ses voiliers successifs étaient amarrés : les Helisara sur lesquels il participa à de nombreuses régates.
La complicité entre le musicien et la mer remonte à sa prime enfance et, dès 1938, il faisait l’acquisition de son premier voilier, Karajanides. En 1967, il lançait le premier des six Helisara qui marqueront sa vie. Ce nom est en fait un acronyme fabriqué à partir des initiales de son propre prénom, de celui de son épouse et de ses deux filles : (H)erbert, (El)iette, (Is)abel et (Ara)bel. Cinq voiliers porteront ce nom jusqu'à Helisara VI, à bord duquel le Maître remporta de nombreuses régates.
Lors de sa mort, Karajan laisse derrière lui près d'un millier d'enregistrements chez Deutsche Grammophon, EMI et Decca, ce qui en fait un des chefs les plus enregistrés du XXe siècle.
Je ne ferai plus jamais de ballade en bateau avec mon père.
Mais pour une fugue maritime de ma verrière, rien de mieux qu'un peu de Karajan*...
(*et Ludwig bien entendu:)