Tu te rends compte mémé, malgré le flou de la photo, malgré le temps de tes cent dix ans, malgré le ciel que tu ne vois plus à la porte de ton caveau...
Ces pignes que tu ne peux plus ramasser, cet horizon de pins, éternel concerto que tu aimais tant cigales de l'été, et tous ces gestes, ces mille travaux quotidiens qui te vêtaient, ces mille gestes sans regret, malgré tes souvenirs pauvre misère, ces paysans du monde entier que tu aimais comme pépé...
Malgré tout ça, tu es avec moi aujourd'hui et je t'emmène visiter ce monde que tu n'as jamais désiré n'ayant jamais franchi plus de huit lieues au-delà de la limite de ton village de naissance...
Tu me disais... j'ai tellement voyagé avec le dictionnaire, bien plus que le monde ne saurait me le montrer, c'est le plus beau livre du monde un dictionnaire. Tu me dis... Allez, viens ! Viens voir la forêt, viens marcher avec moi dans les pins...
Je pensais t'emmener faire un petit tour aujourd'hui mémé et c'est encore toi qui m'entraînes...Ma petite mémé.