Après Christian Boltanski

J'espère que vous avez eu l'occasion d'aller visiter l'installation de Christian Boltanski pour Monumenta 2010. Après Richard Serra, c'est l'artiste français qui a eu l'honneur d'investir la nef du Grand Palais. Pour cette installation exceptionnelle, Christian Boltanski veut plonger le visiteur face à sa propre mort. Tout est fait pour le mettre mal à l'aise: du bruit assourdissant des battements de coeur, aux murs de boite numérotés rappelant les caveaux des cimetières, et ces vêtements bien étalés sur le sol dans des formes humaines ou formant une montagne qu'une grue manipule de façon incessante.
L'installation peut faire penser au premier coup d'oeil à un camp de concentration: l'espace central est divisé en baraquements où des vêtements s'étalent sous la lumière blafarde des néons. Mais Christian Boltanski se défend contre ce raccourci "Je n'ai jamais utilisé une image de la Shoah dans mon oeuvre". Il voit cette installation comme une représentation de l'Enfer de Dante avec ses différents cercles. La grue étant à la fois la main de dieu ou celle du hssard qui domine la vie de l'homme. Le Grand Palais est le lieu de la mise à mort du spectateur. Christian Boltanski le veut complètement détruit. Et après ?

Pour comprendre ce qu'il se passe après cette descente en enfer, il faut aller au Mac/Val, le Musée d'Art Contemporain du Val de Marne. Car c'est là que Christian Boltanski dévoile sa vision des limbes. De nouveau le visiteur est dérouté: l'espace est complètement noir, peuplé de carcasses éclairées, squelettes d'homme sans âme, qui ressassent en permanence des questions désormais dérisoires Dis moi, as tu laissé un amour ?, Dis moi, était ce un accident ?, Dis moi, c'est quoi le coma ?. Christian Boltanski se joue du visiteur et ne lui épargne pas les détails sordides de la mort Dis moi, as tu chié sur toi ?.
Ce n'est qu'en tâtonnant dans le noir qu'on finit par arriver à la destination finale. Le parcours se commence et se termine dans la lumière avec un Après lumineux pour nirvana.




Monumenta 2010, c'est déjà terminé !! Par contre, pour ceux n'ayant pas encore achevé leur voyage, vous avez jusqu'au 28 mars pour sortir des limbes. Et qui sait, avec de la chance, vous pourrez tomber sur Christian Boltanski tranquillement assis sur un banc à observer les réactions de ses visiteurs.

Christian Boltanski "Après"
Musée d'art contemporain du Val de Marne
Du 15 janvier au 28 mars 2010
Place de la Libération
94404 Vitry-sur-Seine
www.macval.fr