Catégorie: Comédie musicale
Réalisation: Rob Marshall
Chorégraphie: John DeLuca et Rob Marshall
Avec: Daniel Day-Lewis, Marion Cotillard, Penélope Cruz, Judi Dench, Nicole Kidman, Kate Hudson, Sophia Loren, Fergie
A l’aube de la cinquantaine, le célèbre réalisateur italien Guido Contini est en pleine crise créative. Alors qu’il essaye d’écrire le script de son nouveau film, Italia, dont la date du tournage approche à grand pas, son imaginaire se trouve confronter aux différentes femmes qui ont une influence sur sa vie, sa carrière: sa mère, sa femme, sa maîtresse, son actrice principale, sa confidente et costumière, la prostitué de son village, une journaliste de mode.
Pitch écrit pour FilmDeCulte
Quand je me suis retrouvée face à l’écriture de cette critique pour FilmDeCulte, j’étais bien en peine. Le film m’a déçue, mais je n’arrivais (et n’arrive toujours pas vraiment) à expliquer pourquoi. Il n’est pas mauvais, il est juste raté. Tous les choix de Rob Marshall semblent tomber à plat. La voix off, les transitions, la location des scènes musicales… Etrange, très étrange. Et pourtant j’avais envie de l’aimer ce film, je l’ai assez dit ici. Mais force est de le reconnaître, il fait flop.
Ma critique sur FilmDeCulte
"BE ON YOUR ON"
On l’attendait avec impatience cette nouvelle comédie musicale signée Rob Marshall, adaptée du célèbre show de Broadway Nine - récompensé de cinq Tony Awards en 1982 puis deux autres en 2003 lors de son revival – lui-même inspiré du film de Federico Fellini 8 ½. Bardée d’un casting cinq étoiles comme l’avait été Chicago, elle s’était placée dès l’annonce du projet comme LE concurrent incontournable des Oscars 2010. Pourtant le film n’écope que de quatre nominations pour la plupart techniques. Si la photo est superbe, si les acteurs sont à la hauteur - particulièrement Daniel Day-Lewis, Marion Cotillard et Penélope Cruz, qui méritent amplement leurs nominations aux Golden Globes -, si les chansons sont plutôt sympathiques, quelque chose cloche. Pris indépendamment, chacun des éléments fonctionne, certains instants sont même remarquables (Be Italian par Fergie, Take it all par Marion Cotillard ou encore la présentation du personnage de Guido) et valent à eux seuls le détour, mais quand on combine le tout, il y a comme un arrière-goût de ratage. Comme si Rob Marshall avait eu de (très) bonnes idées mais n’avait pas su comment les agencer.
WHY, OH WHY?
Pourquoi avoir transporté toutes les scènes musicales des femmes de la vie de Guido dans un décor de plateau de cinéma alors que la plupart d’entre elles auraient pu fonctionner, voire même être bien plus intéressantes, dans leur lieu initial (notamment la scène de la plage avec Fergie et celle de la fontaine avec Nicole Kidman)? Ce concept, typique de Bob Fosse (Nine rappelle d’ailleurs à plusieurs reprises la deuxième moitié de Que le spectacle commence), se justifiait parfaitement dans Chicago puisque la représentation scénique, la poudre aux yeux et l’envie constante de Roxie de devenir star de cabaret, étaient le sujet même du film. Ici Rob Marshall donne l’impression d’avoir simplement copié le principe sans se demander pourquoi, et surtout comment, l’appliquer à Nine. On peut arguer qu’à la manière de Roxie, Guido imagine sa vie comme une œuvre cinématographique, mais alors pourquoi avoir choisi un décor statique qui évoque plus la représentation scénique que le septième art? Si l’on repense à Chantons sous la pluie, qui s’amuse également avec l’image du plateau de cinéma, l’utilisation qui en est faite fonctionnait car beaucoup plus cinétique, laissant le décor s’animer. Il y a chez Donen et Kelly une idée du mouvement dans l’image même qui se perd chez Marshall, faisant tomber l’idée à plat.
Il en va de même si l’on rentre dans les détails. Incompréhension totale devant la vulgarité crasse de la scène musicale du personnage de Penélope Cruz, A Call from the Vatican. Elle nous est certes montrée à travers l’imaginaire de Guido, qui ne considère sa maîtresse que comme un objet sexuel, mais il y a des façons plus heureuses de faire passer l’idée que de montrer en gros plan dans une lumière crue des jambes qui s’écartent et une bouche beuglante. Incompréhension également devant le vocabulaire chorégraphique utilisé pour la séquence de Kate Hudson, Cinema Italiano. Si la scène en elle-même est très sympathique grâce à son énergie, sa structure et l’interprétation des danseurs, bon nombre de mouvements sont eux complètement anachroniques, et clashent avec l’esthétique 60’s véhiculée par les costumes. Incompréhension enfin devant ce final qui prend de l’ampleur, se construit en beauté vers un climax qui n’arrive jamais, nous privant d’une scène qui s’annonçait être parmi les plus jubilatoires du film. Un final riche, bourré d’idées qui, à l’instar du film, retombe comme un soufflet.
Note:
La danse dans le film
Il y a dans le film douze scènes musicales dont quatre ne contiennent aucun pas de danse. J’ai quand même détaillé trois d’entre elles car elles font partite de l’articulation du film, et me permettent d’argumenter sur le problème de transitions et de changement de lieu comme évoqué plus haut. Bref, elles me permettent de me plaindre, très important donc!
Mis à part les scènes d’ouverture et clôture, ces séquences sont exclusivement de solos chantés par chacun des personnages principaux. Deux solos pour Guido et sa femme et un pour chacune des autres muses. Il y a bien sur dans certains cas des background danseurs/chanteurs (les scènes de Judi Dench, Fergie ou Kate Hudson), et Guido apparaît comme spectateur dans quelques uns de ces morceaux mais nous n’avons droit en aucun cas à des duos ou chorégraphies de groupes mélangeant nos têtes d’affiche (à l’exception de la première scène donc). De fait tous ces numéros manquent un peu de variété, donnant une impression d’accumulation de vignettes stars fonctionnant sur le même principe.
Ceci étant dit il y a dans l’ensemble du bon, voir même du très bon.
● Scène 1: Overture Delle Donne - Ensemble
Une première scène musicale qui introduit les sept femmes de la vie de Guido. Rien de passionnant au niveau de la chorégraphie puisqu’il ne s’agit que de mini extraits des chorégraphies que nous verrons plus tard agencés bouts à bouts, de façon assez convaincante je dois dire. Le tout reste quand même plutôt intéressant au niveau de la mise en scène et surtout se place comme une bien jolie introduction. Par contre je n’aime pas trop la transition qui emmène à cette scène musicale. J’aurais aimé par exemple que la première cloche au début tombe au moment où Guido craque son allumette.
● Scène 2: Guido’s Song - Daniel Day-Lewis