La version longue du Trail Tour National édition 2010 s’ouvrait ce week end avec la première manche à Gruissan. Pratiquement tous les prétendants au titre était présent, agrémenté des figures locales et de nombreux traileurs pressés de démarrer leur saison sur une des premières épreuves longues de ce début d’année. Pour l’occasion Benoit et moi-même avions fait le déplacement, l’occasion de rencontrer quelques membres locaux du Team Raidlight sur les trois distances proposées ce week end.
Le beau temps était au rendez-vous à notre arrivé mais un froid vif et un vent violent était le principal sujet de discussion des nombreux coureurs présent sur le salon en ce samedi après midi. Le temps de faire le tour des stands et de saluer toutes les têtes que l’on retrouve avec grand plaisir en ce début d’année et il est temps d’aller faire un petit tour sur le parcours pour faire oublier les trop nombreux kilomètres de voiture et repérer ce fameux premier « mur ». Dernière discussion sur l’état de forme de chacun mais tout le monde est modeste sur sa préparation de début de saison face à une course qui semble bien plus difficile qu’il n’y parait sur le papier.
Après une nuit toujours trop courte quand on doit se lever à 6h30 et un petit déj avalé vite fait, il est temps de rejoindre le départ. J’y retrouve Benoit qui a l’air en forme et tous les coureurs qui ont le sourire malgré une température en dessous de zéro et un vent toujours aussi violent. On a pour l’occasion mon papa qui nous coach et après la distribution des ravitos, il est temps de partir s’échauffer. On croise les uns et les autres, on papote un peu amusé quand le speaker me place avec Benoit dans les favoris.
La délivrance du départ arrive enfin et maintenant il est temps de laisser les pensées de coté et de faire parler les jambes. Je voulais prendre un départ prudent mais je suis Benoit et je me retrouve en troisième position au premier virage. Le peloton de tête se constitue sur les larges pistes et chacun prend ses positions. Je suis calme et heureux de voir tout ceux que j’admire à mes cotés. La première bosse arrive, les jambes tournent toutes seules et je me retrouve à nouveau dans les premières positions au sommet. Julien a déjà réussi à prendre quelques mètres sans appuyer et dans la relance qui suit les meilleurs s’envolent alors que je temporise et calmement je laisse partir la tête.
Les bosses, les zig-zag en sous bois, les relances s’enchainent et je vois que je ne perds pas de terrain et même en appuyant un peu j’arrive à revenir sur Benoit et Alexandre à une centaine de mètres. Je reste prudent car je suis surpris moi-même d’avoir une forme pareille et je recolle doucement avant de commencer à prendre des relais. Le groupe de chasse est lancé et on avance à bon train jusqu’à apercevoir de nouveau des coureurs au bout d’une ligne droite. Benoit n’a pas l’air au mieux et s’arrête pour une pause technique. Je me dis qu’en vieux renard, il va revenir et qu’il y a encore moyen de faire un truc s’il finit fort. Je ne le rêverais plus.
Je me retrouve un moment tout seul, Michel me double à une allure impressionnante et je finis par revenir sur Manu et Romu que je double avec une incroyable facilité dans un des nombreux raidillons de cette première partie de parcours. Je suis un peu soucieux pour la suite (il reste 25 bornes) mais j’avais prévu de me prendre des baffes et c’est tellement extraordinaire de me retrouver là que je profite de l’instant. En plus des jambes extraordinaires, j’ai la lucidité de m’alimenter et de boire régulièrement (comme si toutes les baffes prises jusqu’à maintenant avaient servies). Je double un gars qui s’est fait une cheville et je continue mon chemin comme si mes jambes n’allaient jamais me lâcher.
Le ravito arrive enfin et les encouragements me réchauffent. Je pensais la deuxième partie plus facile mais il n’est en rien et on serpente sur des buttes qui commencent à faire mal aux jambes. Ca fait un moment que je suis seul et je ne sais plus trop où j’en suis mais ma monte m’indique entre 13 et 14 km/h sur le plat et je me dis que c’est bien comme ça. Le paysage est splendide et cette partie plus roulante permet vraiment d’en apprécier la beauté. Un coureur me rejoint mais j’ai du mal à me sortir du rythme que j’ai depuis plus d’une heure et le temps de réagir il m’a pris une centaine de mètres.
Les jambes commencent à se faire lourdes mais ça trottine toujours et je suis surpris quand un bénévole m’annonce les 3 derniers kilos. J’essaie de mettre tout ce qu’il reste mais il n’y a plus grand-chose et de toute façon la joie d’une si belle course commence à m’envahir. Une dernière ligne droite face à une vent terrible, le tapis rouge et je franchi la ligne d’arrivé comme sur un nuage. Une ambiance chaleureuse comme tout au long du week end et des bénévoles qui sont là pour nous supporter jusqu’au dernier moment de course.Le reste est comme un rêve et je n’en reviens toujours pas. Finir devant mes idoles du trails et monter sur le podium sur une manche du TTN, c’est surréaliste. J’espère ne pas me réveiller et que ce n’était pas qu’un coup de chance mais je reste lucide et tout le monde n’était pas au mieux. Dans tous les cas cela me remotive pour suivre le plan d’entrainement fourni par David et qui pour l’instant au vu de mes résultats semble me réussir ou me porter chance. Une grosse déception de ma part pour Benoit et j’aurais aimé qu’il réussisse sa course et qu’on partage cela ensemble mais cela sera pour une prochaine.
2►