On le voit bien aujourd'hui, le traité de Maastricht était incomplet : Il instaurait une monnaie unique de l'Europe, mais en laissant chaque pays gérer son budget, et donc son endettement, comme il le veut. Résultat, les disparités entre pays de l'eurozone sont flagrantes. Entre l'Allemagne qui a spectaculairement redressé ses finances publiques et la Grèce dont le laxisme budgétaire allait jusqu'à tricher sur les statistiques officielles, comment peuvent-ils partager la même monnaie ?
En temps normal, l'endettement public grec aurait conduit à une dévaluation de la drachme, et le Deutsch Mark se serait renforcé. Mais là, avec la même monnaie, il y a les cigales qui vivent aux dépends des fourmis, et les fonds spéculatifs attaquent l'euro.
En fait, on ne peut pas avoir une politique monétaire commune et une politique économique par État. Les deux sont liés, mais l'Allemagne s'est toujours opposée à la création d'un gouvernement économique européen en raison de la sacro-sainte indépendance de la banque centrale européenne.
Edouard Balladur a proposé que les budgets des états-membres soient soumis à l'approbation du conseil des ministres européens des finances avant les parlemetns nationaux. C'est une mesure qui permettrait d'assurer un minimum de cohérence budgétaire entre les États.
Ainsi donc, c'est la très grave crise monétaire, conséquence directe de la crise financière de l'année dernière, qui aura permis cette prise de conscience de la nécessité d'un gouvernement économique de l'Union. Il y a fort à parier qu'on ne s'en arrêtera pas là, et que les pouvoirs de la BCE vont s'accroître.