Écrire,
c’est entrer en contact avec quelque chose de très lointain.
A partir du moment où le moi ne commande plus,
où la pensée consciente n’est plus seule à diriger l’écriture,
le langage semble libérer une énergie
qui doit être à la fois celle de sa matière même,
une matière chargée de siècles de culture et d’histoire,
et celle du corps, donc de l’inconscient qui, soudain, prend la parole.
Vous touchez alors à quelque chose qui,
tout en étant le présent même,
est chargé d’un passé immémorial,
comme la crête d’une lame de fond.
Vous ne dominez plus votre langage,
comme on dit, c’est lui qui vous domine.
Toute distance s’évanouit.
Or, plus vous entrez dans le langage,
plus vous vous tenez au plus près de lui,
plus il s’ouvre, plus il se creuse d’une profondeur infinie.
Et c’est elle qui s’entend à travers votre voix.
(Jacques Ancet)