Le boss de Cash Money Records l'a dit et répété un millier de fois sur Pricele$$, il veut amasser de la monnaie, encore et toujours plus de monnaie. Vingt ans que ça dure! et malgré les aléas de l'industrie du disque et les dures loi du rap game, les comptes de CMR n'ont jamais été aussi bien remplis. Sans même avoir besoin de vivre de ses royalties, Brandon 'Baby' Williams a/k/a Birdman le #1 Stunna s'en met plein les poches. Pour ça il peut être très fier de sa poule aux oeufs d'or, celui qu'il considère comme son fils spirituel, le rappeur n°1 aux US, celui qui figure en featuring avec tout le rap game, l'ogre, l'hyper-productif, l'omniprésent, Lil Wayne. Certains puristes du son Dirty South regrettent la grande époque de Cash Money, avec les Juvenile, les productions de Mannie Fresh, etc..., les temps changent et Weezy perpétue le cycle à son tour avec Young Money Entertainment, sa structure fondée en 2005 et en licence chez... Cash Money évidemment. Mo' cash money.
Young Money Millionnaires
La voilà la fine équipe ralliée autour de Lil Wayne : un club de jeunes rappeurs et chanteurs millionnaires avant l'heure (de gloire) propulsés par le buzz gargantuesque de leur patron.
- Drake : plus la peine de le présenter. L'ex-star de la télévision canadienne reconverti dans le rap et converti à l'autotune opére une percée phénoménale avec sa mixtape So Far Gone (un savant recyclage d'instrus r&b ressemblant vaguement à 808's & Heartbreak de Kanye West). Rentrée 2009, il sort « Forever remix » avec Kanye, Weezy et Eminem, et son single « Best I Ever Had ». Gros carton. Depuis, il a pris la grosse tête depuis que les magasines cainris et même Jay-Z le voient comme le next big thing. Surtout que les rumeurs laissent entendre qu'il ghostwrite pour son mentor (à moins que ce ne soit l'inverse...);
- Nicki Minaj : cette rappeuse bitchy provenant des quartiers du Queens vient à peine d'être official qu'elle pose déjà sa voluptueuse plastique aux côtés de Robin Thicke, Usher, Ludacris et Mariah Carey ! Très douée avec sa langue et son flow, personne ne sera étonné par ses lyriXXX. Impossible de la louper, il suffit de suivre les filets de bave...
- Mack Maine : lui c'est le président de Young Money. Businessman mais aussi rappeur, un Birdman bis mais avec plus de talent au micro.
- Jae Millz : éternel rookie new-yorkais depuis 2005 à la mixtapographie conséquente, ce MC Eastcoast a vu ici l'opportunité de pouvoir sortir son premier album. Sûrement le meilleur d'entre tous, on se demande comment il a bien en arriver là. Lui-même doit se poser la question mais on espère sincèrement qu'il va connaître le succès.
- Tyga : ce protégé de Lil Wayne est également celui des Gym Class Heroes. Il a déjà sorti un album deux ans plus tôt et dont le succès n'était pas au rendez-vous. A vrai dire la direction de cet album était hasardeuse, il y a des mélanges qui ne fonctionnent pas auprès du public.
- Shanell : l'autre bombe anatomique de Young Money montre une préférence pour les chansons rock. On la retrouve sur l'unique titre ckeuro de cet album-compilation (« Play My Band »), ainsi que sur une bonne partie de Rebirth (j'y reviendrai plus bas).
- Les autres : dans la famille des Lil, les minots Lil Twist et Lil Chuckee. Un préfixe sans originalité mais qui s'explique par leur âge précose. On les retrouve ensemble sur « Girl I Got You ». On comptera aussi sur T-Streets et Gudda Gudda qui essaient de participer un max.
Yeah, I wanna be a rock star !
Le gros point noir : il faut supporter sans cesse la voix autotuné à l'haleine codéinée de Lil Wayne. Pour la distraction, la chanteuse Shanell dévoile ses charmes quant ce n’est pas sa young moula Nicki Minaj présente sur « Knockout » dans une interprétation d'Avril Lavigne en salope. Se prendre pour une rock star, entre nous, c’est juste un effet de mode. De toute façon, quand on s’appelle Lil Wayne, on peut tout se permettre, tout ce qu’il fait tout le monde trouve ça super alors… Le voir dans un trip à la Guitar Hero pour de vrai, ce n'était pas si impensable. Un crossover totalement autodidacte qui a trouvé près de 400 000 preneurs aux US à l'heure qu'il est.
Ouverture sur l'Europe
Après coup, on comprend vite les raisons de son succès : le mec chante bien, sans bidouillages vocaux ou autres robotisations. Il est très pro. Pour le style, Jay Sean se complaît dans un r&b de synthèse non-soul assez... américanisé. Si je ne savais pas qu'il était anglais, j'aurai sûrement cru qu'il venait de Miami ! Il est évident que All or Nothing a pour vocation d'avoir un maximum de morceaux dans les playlists et vu sa qualité, on pourrait parier qu'on passera l'été avec lui. Remarquez, avec son single « Down » avec Lil Wayne, Jay Sean est devenu international (à prononcer avec l'accent cainri). Grâce à l'appui de son label, il peut également s'autoriser des connexions transatlantiques avec les fêtards Sean Paul et Lil Jon sur « Do You Remember ». Dommage qu'il n'en ait pas profité non plus pour se faire payer un producteur US, car chaque morceau ressemble au précédent ou encore celui d'avant et ainsi de suite... En prenant deux-trois titres au pif (« Fire », « Stuck In The Middle »...), on a écouté tout l'album. Tout de même, même si on devine que cette signature est une opportunité pour Cash Money, elle l'est également dans l'autre sens : voir que des labels américains s'intéressent aux artistes européens est une bonne chose pour nous.
Mo' Millionnaires
Plus la peine de vivre de ses propres royalties, Birdman peut se frotter les mains, son empire n'est pas près de sombrer. C'est toujours une puissante machine qui semble avoir repris un coup d'accélérateur grâce à Lil Wayne (qui songe déjà à sortir The Carter IV dès qu'il sera libéré dans un an) et ses young moulas, les artistes hors-rap (Kevin Rudolf) et européens (Jay Sean). Et ce n'est pas fini par Freeway, transfuge de Roc A Fella, et le chanteur/producteur Sean Garrett, viennent de rentrer au catalogue.