Note : 8,5/10
Meilleurs titres : White Sky / Holiday / Cousins
On parle énormément de Vampire Weekend depuis deux ans et plus encore depuis la sortie, début 2010, de leur deuxième album Contra. Je me suis dit qu’il allait quand même falloir que j’aille y voir de plus près et j’ai donc écouté Contra.
C’est plutôt une bonne surprise, meilleure en fait que ce à quoi je m’attendais. L’effet "déprime de l’hiver", que ce disque a su un petit peu atténuer en laissant s’infiltrer quelques rayons de soleil, y est-il pour quelque chose ? Je ne sais pas, mais je me suis laissé séduire par plusieurs titres de cet album qui m’ont redonné un brin de peps dans cette période quasi-morbide.
Pour décrire à gros traits la musique de Vampire Weekend, on peut évoquer l’influence : 1- de ces nouvelles formations new-yorkaises qui envisagent la pop autrement, au premier rang desquelles Animal Collective et Dirty Projectors (voir quelques éléments dans cette chronique patchwork), mais en plus digeste ; 2- de la world music, africaine et sud-américaine notamment ; 3- des années 80 (heureusement pas trop).
La facilité de Vampire Weekend à mixer ces influences, les digérer et les régurgiter de façon très libre, primesautière et punchy, pour au final proposer des chansons souvent courtes, directes, percutantes et pas prise de tête, fait de cette formation new-yorkaise une nouvelle valeur sûre du rock indépendant. J’avoue que le côté pas trop compliqué de leur musique, leur effort pour proposer des titres incisifs, me les a rendus plutôt sympathiques.
Sur le premier titre, "Horchata", l’influence d’Animal Collective est particulièrement perceptible. Je trouve d’ailleurs la chanson (néanmoins rigolote) légèrement trop longue et répétitive : peut-être qu’un couplet et/ou un refrain en moins ne lui aurait pas nui ?
Du titre 2 au titre 7, l’auditeur découvre un album qui frôle la perfection, avec une rasade de popsongs dont plusieurs sont au-dessous du seuil des 3 minutes. Vampire Weekend déploie une science de l’immédiateté qui les rapproche de certaines formations punk ("Cousins"), aussi lorsqu’ils se permettent, comme sur "Taxi Cab", de tenter une sorte de balade un peu synthétique, agrémentée de très jolies notes de piano qui tombent en cascade, le pari peut paraître risqué… mais ça passe très bien !
La variété des atmosphères que dévoilent ces six morceaux permet à l’album de se laisser écouter n’importe où, chez soi, dans sa voiture, dans le métro, en faisant son jogging (bon moi j’en fais pas mais admettons ;-), et surtout de mettre de bonne humeur. Certains groupes sont comme ça, capables de susciter une joie simple et communicative, sans arrière-pensées.
Je me rappelle qu’à la première écoute de I Should Coco de Supergrass il y a maintenant très longtemps, j’avais ressenti un peu la même chose : au fond c’est assez rare d’être capable de pondre plusieurs chansons qui restent dans la tête de l’auditeur dès la première écoute et donnent envie d’être réécoutées plusieurs fois d’affilée. Je ne sais pas si ça passe forcément toujours l’épreuve du temps mais après tout le plaisir, même éphémère, d’une bonne chanson bien ficelée et spontanée ne doit jamais être boudé !
Je suis moins convaincu par "Giving Up The Gun" et "Diplomat’s Son" : leur longueur excessive n’est pas nécessairement justifiée et personnellement, j’ai eu tendance à m’ennuyer à la longue. Cela fait chuter le niveau de l’album dont le rythme allegro avait quelque chose de bluffant. Sur le dernier titre, "I Think Ur A Contra", Vampire Weekend tente quelque chose qui n’est peut-être pas totalement réussi mais, comme sur "Taxi Cab", la justesse des arrangements au piano, dont les notes s’écoulent et s’égrainent avec poésie et mélancolie, finit par emporter l’adhésion.
Je trouve, pour toutes ces raisons, que Contra est un bel album de début d’année 2010, pourvu de plusieurs mérites : le fait de proposer des titres moins indigestes, moins artificiellement alambiqués qu’Animal Collective ou d’autres groupes de la décennie 2000, n’est pas le moindre de ces mérites. Le fait d’avoir contribué, même modestement, à me faire quitter ma sinistrose hivernale, en est un autre. Alors merci à Contra de Vampire Weekend !