LA LOI DE LA TRIBU, d'Arthur UPFIELD

Par Geybuss

Policier, Collection 10/18 - 286 pages - 7 €

Résumé : Au cœur du bush, dans une région qui n'a plus aucun secret pour les aborigènes, comment le cadavre d'un étranger a-t-il pu passer inaperçu ? D'autant que celui-ci est retrouvé dans le Lit de Lucifer, un cratère creusé par un météore bien des années plus tôt. Missionné par le gouvernement fédéral, l'inspecteur Bonaparte doit découvrir ce que l'homme faisait avant sa mort et quelles motivations peuvent bien pousser les Blancs des exploitations voisines, les tribus aborigènes locales et les Noirs sauvages du désert à cacher des informations à la police. Blanc par son père et aborigène par sa mère, Bony semble le plus à même de comprendre les dissensions sous-jacentes entre les habitants de la région, et son excellente connaissance des légendes tribales sera un atout indispensable dans sa quête de la vérité.
                                      
Mon humble avis :Un cadavre étranger laissé dans le cratère d'une météorite en plein désert australien... L'inspecteur Bonaparte est dépêché par le gouvernement pour éclaicir le mystère. Celui ci connaît l'identité du défunt, mais ni Bonaparte ni le lecteur ne la connaîtront jamais. Curieux non ? Ce qui importe ici, c'est que faisait l'étranger dans ce coin et comment il a atterri au milieu du cratère sans laisser aucune trace ? Bonaparte (ou Bony pour les intimes), est un héros récurrent chez Upfield (donc vous pouvez devenir intime). C'est aussi un espère d'Hercule Poirot, mais sans moustache. Il n'est pas Belge mais australien, de sang mêlé comme on dit. Il connaît aussi bien les habitudes des blancs, que les coutumes des aborigènes, ou encore les légendes des noirs sauvages. Il observe, se promène, interroge, fouine, expérimente et déduit... Il fait chaud, une certaine langueur se transforme parfois en quelques longueurs dans le texte.
Je dirais presque que l'enquête est en second plan, tant Bony agit dans la discrétion sans paraître agir, ni nous faire part de toutes ses découvertes au fure et à mesure. D'ailleurs, on se demande parfois s'il mène l'enquête où gère les problèmes de relations humaines relatives à toutes communautés ou les deux à la fois....
Je dirais donc que l'intérêt du livre fut pour moi ailleurs. Dans les paysages du bush, dans les légendes aborigènes, dans le déroulement de la vie dans ces fermes reculées, dirigées par des blancs et employant des natifs.  Mais surtout, dans l'équilibre précaire de ces gens d'origines raciales différentes, qui font tout pour vivre en bonne entente et bonne intelligence dans le respect des traditions de chacun : les aborigènes, les noirs sauvages, les blancs, les sangs mêlés, et les assimilés, qui se retrouvent partagés entre des traditions et des instincts millénaires et une instruction "coloniale". Arthur Upfield explique tout cela avec beaucoup de clarté.
Même si l'enquête est en second plan, elle garde son intérêt et son mystère pour faire de ce roman une lecture très agréable et surtout un voyage très instructif dans le bush.
 
                                                                                         
                                                                                                                 U
DAL PAL 96 - 21