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La chronique de l'apprenti chroniqueur (1)

Publié le 02 mars 2010 par Vivreenislande @vivreenislande
Quand je l'ai rencontré il y a plus d'un an, parce qu'elle avait gentiment et patiemment accepté de lire mon "Sex à Reykjavik", Lison De Caunes me l'avait pourtant conseillé :
"ton histoire, tu dois la dégueuler; il faut qu'à travers les mots ce soient tes tripes qui transparaissent"
J'ai compris un peu tardivement ce qu'elle voulait dire.Et curieuse coïncidence, c'est en écoutant sa maman, Benoîte Groult, s'exprimant dans un reportage réalisé par Marie Mitterrand et diffusé sur France 5, que le conseil a pris tout son sens.
La chronique de l'apprenti chroniqueur (1)
Il ne faut pas chercher à écrire pour les autres.Il faut écrire pour soi et s'exposer ensuite.Pas facile, hein ?La chronique de l'apprenti chroniqueur (1)Pourtant, il ne suffit pas "d'enlever le bas" et d'allumer le projecteur pour se voir propulsé en haut de l'affiche.
La qualité de l'éclairage pas plus que la beauté de la plume ne suffisent. Il faut avoir ce quelque chose de rare, de précieux, qui déclenche l'intérêt. Cette sincérité de l'âme, cette proximité de l'être, cette vérité dont on aime se rassasier parce qu'elle nous émeut et nous parle. Ce ne sont pas tant ceux qui parviennent à se faire à l'exercice qui font de bons écrivains, que ceux dont l'objet exposé suscite l'admiration. Autrement dit, le livre ne fait pas l'écrivain.
En revanche, la notoriété peut conduire à la publication. Et en l'occurrence, nul besoin de maîtriser l'imparfait du subjonctif pour écrire un livre; un bon nègre pourra fort bien se charger de coucher les lettres noires sur les pages blanches.
Pourquoi je vous raconte tout cela ?Parce que dans le cadre de mes résolutions de ce début d'année, je m'interrogeais sur le choix des sujets à aborder et sur la façon de les développer.Parce qu'en raison des difficultés que traverse la presse depuis quelques années, l'objectif se révèle a postériori ambitieux.Parce que les articles proposés par les pigistes dépassent largement les capacités de diffusion et les besoins des rédactions.Dans ma nouvelle vie d'apprenti journaliste, j'en fais chaque jour l'expérience. Conséquence inévitable : les phrases se déprécient. Le "feuillet" se brade; quand il n'est pas tout bonnement cédé gracieusement aux sites d'informations qui se sont spécialisés dans ce type de modèle économique (Le Post, Café Babel...).A moins d'être un écrivain renommé, un spécialiste reconnu ou une célébrité télégénique, la quête du journaliste débutant peut s'apparenter à celle d'une baleine qui s'assèche dans le désert du Kalahari, ou d'un groupe de nudistes déambulant gaiement dans les rues de Kaboul : improbable.

Alors je me suis dit : "et bien deviens célèbre, crâne d'œuf !".

Après tout, les cons connus qui peuplent les feuilles glacées des magazines ou s'expriment avec la vivacité du saule pleureur dans un rectangle cathodique ne sont-ils pas légions ? Je ne suis pas moins abruti qu'un saule pleureur, si ?
J'ai donc pensé à postuler à cette émission... Comment s'appelle-t-elle ? Mais si, vous savez... un reality-show pour animaux. Ils enferment de braves bêtes dans une étable, qu'ils déguisent en êtres humains.
La chronique de l'apprenti chroniqueur (1) Mâles et femelles s'efforcent de ressembler à des Hommes - dignes, intelligents, généreux... Mais chassez le naturel...Bref.
J'ai donc voulu participer.Le plus souvent d'un tempérament peu disert, je me serais bien vu en carpe. J'ai supposé que, carpe, ils n'y avaient pas encore pensé. Y a pas plus con qu'une carpe. ça pouvait cadrer. Et puis confrontés aux gloussements narcissiques de Mickaël Vendetta, mes silences carpiens n'eurent-ils pas fait de nous un tandem attachant ou pour le moins complémentaire ? 
Muet, j'aurais remué la queue d'admiration depuis mon bocal, bercé par l'écho sourd des déclarations d'amour enflammées de Mickaël à l'égard de lui-même. Nous aurions pété l'audimat.
La chronique de l'apprenti chroniqueur (1)Las, je n'avais pas compris le principe de l'émission. Il ne s'agissait pas, comme dans Secret Story, de rendre hommage à la bêtise, ni de vendre "du temps de cerveau humain disponible" à Coca-Cola, ou encore de favoriser la transformation d'anonymes médiocres, en célèbres cons. Non. Dans la Ferme Célébrités, seuls les veaux, les ânes, les dindes... déjà célèbres peuvent participer. La chronique de l'apprenti chroniqueur (1)J'ai dû imaginer autre chose."A défaut de devenir célèbre pour bouffer, je vais me farcir de la star.", me suis-je dit. Pas de chance, Stéphane Guillon le fait très bien. Le créneau est déjà pris.
J'ai finalement opté pour la rédaction de chroniques ironiques sans prétention.Je vous fais le pitch, comme dirait Thierry.
L'idée : "la chronique de l'avocat du diable".

Principe :tordre le cou aux idées reçues, malmener les prétendues évidences, contrarier les grands esprits consacrés, pointer du doigt les incohérences et les contradictions... en se focalisant sur un sujet d'actualité.
Ton : le cynisme, un peu; l'humour autant que possible; l'exagération, la naïveté et la mauvaise foi, passionnément; la malveillance et la calomnie, point.
Forme : alors, au choix, pour ceux qui envisageraient une commande :
Version classique d'environ 3000 signes (promo spéciale de lancement)

Version soporifique : 8 à 9000 signes.
Au-delà, prévoir un défibrillateur.
Version audio (sur demande).
J'ai ensuite rédigé un long mail expliquant mes intentions, en prenant soin de joindre quelques extraits d'un article portant sur le thème de la Burqa. Le sujet est sensible.
Mais ayant naïvement noté que ceux-là même qui s'opposaient au voile et défendaient avec vigueur les droits et l'image des femmes, pouvaient aussi participer à leur discrédit, il y avait matière à taquineries rédactionnelles.

Puis, j'ai adressé ma bafouille à quelques dizaines de rédactions et de personnalités de la presse écrite, du web, de la radio et même de la télévision.Voilà une semaine que je m'active fébrilement et que j'attends les réponses.
Demain, je vous donnerai un aperçu du bidule.
  

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