13 février 2010
(No 2010-05)
Gilles Tremblay
À mi-parcours de la SÉRIE HOMMAGE | Tremblay que le milieu musical québécois consacre au compositeur québécois Gilles Tremblay, l’Orchestre symphonique de Montréal créera, en première mondiale, sa pièce L’Origine dans le cadre de la série Les Grands concerts le lundi 15 février 2010. Une deuxième représentation du concert aura lieu le mardi 16 février et sera d’ailleurs diffusée en direct de la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts sur les ondes d’Espace musique dans le cadre de l’émission Concerts classiques qui sera animée pour l’occasion par Mario Paquet.
Michèle Losier
C’est la mezzo-soprano Michèle Losier qui interprétera cette œuvre pour voix et orchestre et Kent Nagano qui sera au pupitre de l’OSM. Dans les notes du concert que vous pouvez consulter en cliquant ici, la musicologue Marie-Thérèse Lefebvre nous informe qu’il s’agit d’une œuvre de 14 minutes commandée par Radio-France. Elle rappelle également que l’œuvre est inspirée par les mots de l’un des poètes les plus proches du compositeur, Fernand Ouellette, et d’un extrait du cycle L’Inoubliable-Chronique III (Montréal, L’Hexagone, 2007) intitulé « De l’origine » et dont le poète dit qu’il se démarque « par la force de la vision spirituelle, avec le sentiment d’urgence qu’un monde plus lumineux doit apparaître avec le matin. En nous, dans l’humanité. C’est ma façon de réagir contre la barbarie actuelle et le vide spirituel. ». Et Marie-Thérèse conclut ses notes par une question et une suggestion: « À quelle source, à quelle origine renvoie cette dernière œuvre de Gilles Tremblay? Tentons de la découvrir au moment de sa création ».
Après avoir apprécié l’opéra féérie de Gilles Tremblay L’eau qui danse, la pomme qui chante et l’oiseau qui dit la vérité créé le 19 novembre dernier au Monument national, j’anticipe le plaisir d’entendre L’origine et d’apprécier la musique d’un grand compositeur québécois pour lequel j’ai une grande admiration et auquel j’ai consacré une recherche intitulée « Gilles Tremblay et le le devenir musical du Québec : un homme d’idées, de convictions et de projets » que vous pouvez lire en cliquant ici.
Le départ du compositeur Jacques Hétu
Jacques Hétu †
(1938-2010)
Le décès d’un autre grand compositeur québécois, Jacques Hétu, laisse le milieu musical québécois dans un grand deuil. « Jacques Hétu, le plus joué de nos compositeurs », comme le rappelait le critique de La Presse Claude Gingras, s’est éteint le mardi 9 février dernier à l’âge de 71 ans. Il lègue au patrimoine musical de l’humanité près de 80 œuvres, dont Le Prix, un opéra composé sur un livret d’Yves Beauchemin, des mélodies dont Les clartés de la nuit et Les abïmes du rêves sur des poèmes d’Émile Nelligan, des œuvres pour voix et orchestre dont la Missa pro trecentesimo anno, cinq symphonies et quinze concertos. Les funérailles auront lieu à l’Église Saint-Viateur d’Outremont le vendredi 19 février 2010, mais « Jaques Hétu, le peintre des sons », comme l’aura baptisé Christophe Huss, continuera de vivre par sa musique comme en feront foi la création « posthume » de sa cinquième symphonie par l’Orchestre symphonique de Toronto le 3 mars prochain et l’interprétation par l’Orchestre symphonique de Montréal, lors de l’ouverture de sa saison 2010-2011 le 7 septembre 2010, de sa pièce Sur les rives du Saint-Maurice. Vous pourrez d’ailleurs écouter cette dernière pièce sur le site d’Espace classique en cliquant ici et y lire également un très bel hommage rendu par Françoise Davoine au musicien québécois qui recevait d’ailleurs le Prix Hommage lors du Gala des Prix Opus du 31 janvier dernier…dont une photographie capte un moment inoubliable pour l’animatrice.
Les deux Tosca de la production du 30e anniversaire de l’Opéra de Montréal
Nicola Beller Carbone
L’Opéra de Montréal présente cet après-midi à 14 h la sixième et dernière représentation de Tosca de Giaccomo Puccini. Nicola Beller Carbone montera à nouveau sur la scène de la salle Willfrid-Pelletier pour interpréter le rôle de Tosca et chanté notamment le si bel air Vissi d’arte, vissi d’amore. La soprano germano-italienne a d’ailleurs eu la gentillesse de répondre à deux questions que je lui ai soumises sur ces rôle et air et dont je vous reproduis ci-après fidèlement les réponses aussi instructive qu’intéressantes :
Daniel Turp (DT) : Le compositeur et chef d’orchestre français André Messager a écrit de Tosca que « le sujet avait desservi le musicien [Puccini ]» et qu’« il faut bien avouer que ce drame n’est pas musical ». Êtes-vous d’avis que Puccini l’a rendu musical et, si oui, est-ce que la partition du maître Italie permet à Tosca de contribuer à la musicalité du drame ?
Nicole Beller Carbone (NBC) : J’ai le souvenir d’avoir lu la pièce de Victorien Sardou il y a plusieurs années. Sans en retenir tous les détails, j’avais noté que Sardou avait fait du personnage de LA Tosca (ou LA Divina), ainsi qu’il avait dénommé, un être plus superficiel et humoristique que celui créé pour l’’opéra par Giacomo Puccini. Ce dernier a d’ailleurs créé autour du triangle Cavaradossi-Tosca-Scarpia un drame d’une profondeur psychologique qui se reflète ainsi davantage dans l’opéra que dans la pièce, comme il a également su illustre rendre humaine et crédible la profondeur des sentiments entre Cavaradossi et Tosca.
DT : Quel est le principal défi que doit relever Tosca lorsqu’elle interprète l’air Vissi d’Arte, vissi d’Amore ?
NBC : L’écriture de Tosca est une écriture d’opéra sans « numéros ». Il s’agit d’un drame et d’une histoire qui se vit sans interruptions. La composition est fluctuante et continue. Le seul véritable air dans tout l’opéra est le Vissi d’arte, vissi d’amore », car même l’E lucevan le stelle n’est pas conçu comme un air avec un point final puisque la musique continue et le chanteur ne doit pas s’arrêter pour des applaudissements. Dès lors, la chose vraiment difficile pour l’interprète du Vissi d’arte est d’intégrer l’air au drame et le feu de l’action sans ne jamais concevoir celui-ci comme une pièce de concert, voire comme une belle mélodie permettant de démontrer la capacité vocale et la beauté de la voix. Non, l’air doit être toujours être présenté comme une conséquence de l’action dramatique et une réaction à ce qui se passe avant les actes de torture et l’abus de pouvoir de Scarpia, voire une réponse directe aux questions : Dieu, Pourquoi ?; Que puis-je faire ?; Dieu, donnez-moi une réponse. Malheureusement, on voit souvent le Vissi d’arte comme une pièce de concert divorcée du drame dans son ensemble. Et alors, il devient même difficile de le chanter dans la mesure où il est possible de perdre sa concentration et de sortir de sn jeu de comédienne. Pour moi, il est toujours plus artistique, tout en étant plus facile et plus logique, de rester dans le jeu et de chanter Vissi d’arte pour illustrer le dialogue que Tosca recherche avec Dieu plutôt que de penser l’air comme un dialogue avec le chef d’orchestre.
Annie Sanschagrin
La conclusion de cette production du 30e anniversaire de la compagnie lyrique montréalaise sera spéciale puisque les mélomanes auront droit à un « rappel » et que le rideau de la scène de la salle Wilfrid-Pelletier se lèvera pour que soit entendue l’autre Tosca de la production. Ainsi, la lauréate d’Apéro à l’Opéra, Annie Sanschagrin, interprétera, avec David Pomeroy, le duo du premier acte avec Cavaradossi ainsi que l’air Vissi d’arte, vissa d’amore. Dans un entretien que j’ai eu avec Annie Sanschagrin avant le début de la production de Tosca, dont je ferai état dans un article qui sera publié dans le numéro de mars de La Scena musicale, celle-ci m’a confié que Tosca était le premier opéra qu’elle avait eu l’occasion de voir. Le destin fera en sorte qu’aujourd’hui qu’elle devienne, sur la grande scène de la salle Wilfrid-Pelletier et au grand plaisir des lyricomanies qui seront au rendez-vous, Floria Tosca !
Sur ARTV : le Roméo et Juliette de Yannick Nézet-Séguin et Apéro à l’opéra (Épisode 4)
Et si vous voulez commencer le semaine de façon lyrique, je vous rappelle qu’ARTV diffusera le lundi 15 février à compter de 20 h 30 la production de Roméo et Juliette de Charles Gounod dont « notre » Yannick Nézet-Séguin assumait la direction musicale lors du Festival de Salzbourg de 2008. Le rôle de Juliette est interprété par la jeune soprano géorgienne Nino Machaidze et celui de Roméo par le ténor mexicain Rolando Villazon.
Rolando Villazon (Roméo) et Nino Machaidze (Juliette)
Le quatrième épisode d’Apéro à l’opéra sera diffusé quant à lui mardi le 16 février à 19 h et montrera notamment les apprentis se préparant pour le MétrOpéra… et leur première prestation devant public dans le métro de Montréal!
Bonne semaine lyrique!