Marroush Shawarmas

Par Ericricou


À Hull, les shawarma Marroush ont une réputation. Tout le monde les connaît, chacun à son opinion et on a tous nos histoires à raconter. Au secondaire, quand je commençais à avoir l'âge à sortir manger avec des amis sans mes parents (quel grand moment), c'était souvent notre destination. C'était abordable, convivial, rapide. On pouvait y être turbulents sans se faire réprimander. C'était plus exotique et intéressant qu'un fast-food. Le service était aussi unique. Farceurs, rudes, impolis et rieurs, c'était toujours une expérience qu'intéragir avec les employés. Mais ça marchait. Ils paraissaient peut-être se moquer des gens, mais ils se souvenaient aussi de leurs clients, et on arrivait à créer un réel rapport avec eux. On avait hâte de les voir. Maintenant, les employés de ce temps-là se font plus rares. Peut-être étaient-ils des propriétaires, qui, avec l'expansion de leur commerce, on dut diminuer leurs responsabilités de service à la clientèle. C'est très possible d'ailleurs, parce qu'il y a d'autres « Marroush » ailleurs, sur Rideau et Elgin, à Ottawa, par exemple. C'est un peu nébuleux, par contre, parce que leurs shawarmas sont différents, mais bon, disons que c'est le cas.
Malgré tout ça, le principal attrait demeure ceci: les shawarmas sont immenses. Vous pouvez voir ci-haut qu'il dépasse facilement cette radieuse canette, et ce n'est même pas le grand format qu'on appelle ici le « bazooka ». Bien que le bazooka soit un spécimène unique et impressionnant de shawarma, mon estomac est un peu trop vieux pour le tolérer, et je me contente du format régulier, qui demeure quand même imposant.
Ce soir c'est avec Mathieu que je visite Marroush. Il prend toujours le shawarma au boeuf, vantant à chaque fois le goût plus prononcé de la viande, et me rappelant que tout autre choix est inacceptable, voire imbécile.
En dépit des conseils de Mathieu, je prends toujours le poulet, qui, de par sa texture plus tendre, se mange avec moins d'effort de mastication. Comme j'ai dit, l'atout principal du shawarma, ici, est sa grosseur. Chaque bouchée renferme une bourrée de légumes, condiments, de sauce, de viande et de pita. C'est un plaisir presque gamin que d'ouvrir la bouche, de croquer, sachant que ça va déborder, et d'avaler avec satisfaction. Les ingrédients ne sont pas des meilleurs que j'ai vus dans un shawarma. Les légumes manquent en général ce croquant qu'on associe à la fraîcheur. Le poulet est plus sec qu'ailleurs, ce qui m'étonne puisqu'ils doivent en passer plusieurs tours de poulet sur rôtissoire par jour. En revanche, les sauces sont bonnes: à l'ail, piquante et forte, on la sent sur notre haleine des heures durant; et sucrée, riche et crémeuse, elle va de pair avec l'acidité des légumes marinés. Ça ne sera pas mon dernier Marroush.

Ce seront mes dernières pommes de terre, par contre. Acides, comme trop citronnées, salées, restées trop longtemps sur le comptoir et réchauffées au micro-onde, elles sont à déconseiller. Même la sauce à l'ail, ici, n'aide en rien, ne faisant qu'accentuer les saveurs excessives et déplaisantes des patates. On pourrait faire bien mieux.
Il y a des douzaines de restos à shawarma dans la région, tous suggérant une interprétation différent de ce sandwich si populaire. Marroush n'est peut-être pas le meilleur, mais il est le plus gros, et c'est suffisant pour se mériter mon 5$.
Marroush Shawarma Intl.309 rue Saint-JosephHull