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Interview du Docteur Bernard Guillon, fondateur de l’Association pour le Développement de la Santé des Femmes

Publié le 01 mars 2010 par Veosearch

Chaque année, près de 600 000 femmes décèdent suite à des complications de grossesses ou des accouchements difficiles. Ces femmes ne meurent pas de maladie mais en donnant la vie alors que la plupart de ces décès peuvent être évités. Depuis décembre 2001, l'Association pour le Développement de la Santé des Femmes  (ADSF) propose ses compétences pour venir en aide à ces femmes en France et partout dans le monde, dans le respect de la différence et sans discrimination sociale, ethnique, religieuse ou politique. Rencontre avec Bernard Guillon, médecin et fondateur de l’association.


Interview du Docteur Bernard Guillon, fondateur de l’Association pour le Développement de la Santé des Femmes

  • Quels objectifs avez vous donnés à votre association lors de sa création? A quels enjeux répondent-ils?


Au cours de ma carrière, j’ai participé à plusieurs missions humanitaires en tant que gynécologue obstétricien. Mes années de pratique m’ont permis de constater qu’il existe une grande discrimination à l’égard des femmes en ce qui concerne leur santé. Dans le cas de grandes catastrophes, hommes et femmes sont considérés de la même manière par les organismes humanitaires. Mais les femmes ont des besoins particuliers et différents lorsqu’elles sont enceintes par exemple. Le décès d'une mère a des répercussions sur l'ensemble de la famille et sur plusieurs générations. J’ai remarqué qu’elles n’étaient pas suffisamment suivies, prises en charge par les organismes humanitaires lors de situations délicates, quand il faut agir dans l’urgence. C’est pour cela que j’ai fondé l’Association pour le Développement de la Santé des Femmes (ADSF). Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la définition de la santé est un état de bien-être physique, moral et social. Or dans ces trois domaines, il existe des discriminations. A titre d’exemple, l’accès au soin est cinq fois inférieur pour les hommes en situation précaire que pour ceux qui ne le sont pas. Mais pour les femmes, l’accès au soin est neuf fois inférieur !

Interview du Docteur Bernard Guillon, fondateur de l’Association pour le Développement de la Santé des Femmes

  • Concrètement, quelles formes prennent les actions que vous menez?


Que ce soit en France ou à l’étranger, nous aidons des maternités et des petites structures de santé  principalement par le biais de formations. Nous envoyons également du matériel, mais à la différence du matériel qui peut être volé, les connaissances, elles, sont toujours redistribuées. A notre plus grand bonheur !
En France, nous offrons le plus souvent des consultations gynécologiques aux femmes en situation de grande précarité à Paris ou encore à Lille.
Aux Comores, nous avons créé l'Association des Sages-femmes Comoriennes, avec laquelle nous entreprenons des actions de formation. Notre opération en faveur de l'allaitement maternel, par exemple, permet d'améliorer la qualité de la prise en charge en maternité et de réduire la malnutrition infantile.
A Madagascar, nous apportons notre soutien technique aux services de gynécologie des hôpitaux universitaires. Nous avons décidé d'intervenir à Tananarive pour améliorer le sort des femmes démunies. Là, nous avons ouvert la « maison des femmes », un centre d'accueil de jour pour les femmes sans domicile fixe pour les accompagner sur le chemin de l'insertion, mais aussi pour lutter contre la violence et la prostitution.
En Albanie,  nous sommes en contact avec l’hôpital d’El Bassan. Nous  avons à plusieurs reprises collecté et envoyé du matériel sur place : champs opératoires, blouses, compresses, outils de chirurgie. Nous organisons également des formations pour les médecins de l’hôpital dans les domaines de la chirurgie et de l’anesthésie.
Pour finir, en Palestine, nous formons des chirurgiens à développer leurs connaissances pour tout ce qui concerne la maternité.

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  • A quelles difficultés devez vous faire face en règle générale?


La principale difficulté est que nous n’avons pas toujours les moyens d’agir comme nous le souhaiterions. Au niveau humain, nous manquons de bénévoles. Notre initiative est réellement soutenue, nous le savons. Mais quand il s’agit de participer financièrement, l’engagement n’est que trop rarement concrétisé, qu’il s’agisse de fonds privés ou institutionnels.

Interview du Docteur Bernard Guillon, fondateur de l’Association pour le Développement de la Santé des Femmes

  • Quels sont vos futurs projets?


ADSF souhaite élargir ses missions pour que partout les femmes puissent bénéficier des soins dont elles ont besoin : l’accès au bien-être physique, social et mental qui définit la santé, et ce, au même titre que les hommes.
En Palestine, nous poursuivons nos actions dans la bande de Gaza où nous apportons notre soutien technique aux médecins des maternités. En Albanie, le directeur d’une maternité doit être formé par un chirurgien gynécologique français. Aux Comores, nous poursuivons nos formations faites aux sages femmes notamment sur le sujet de l’échographie. A Madagascar, nous restons mobilisés pour le bon fonctionnement de la maison des femmes. En France, outre le développement des cliniques mobiles, nous souhaitons organiser des formations auprès des médecins pour améliorer la qualité des soins apportés aux victimes des violences insupportables qui se multiplient.
Nous avons encore bien d’autres projets, notamment au Sénégal que nous vous dévoilerons le moment venu ! Pour le moment, nous avons déjà beaucoup de travail dans tous les pays où nous sommes présents. Nous attendrons donc encore un peu avant d’élargir nos actions.

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  • Avez-vous prévu une action, un événement particulier, pour la journée de la femme, le 8 mars prochain?


Malheureusement, non. Nous devions organiser un concert avec plusieurs amis musiciens dans le Val-d’Oise dont les bénéfices auraient été reversés à ADSF. Mais cela nécessite beaucoup de moyens logistiques et de temps. Malheureusement avec tout le travail que nous avons eu, nous n’avons pu le réaliser. Espérons que l’année prochaine, nous trouverons les moyens !
 

  • Que peut-on vous souhaiter pour le futur?


Évidemment, ce serait la disparition de notre activité ! Mais à l’heure actuelle, c’est un peu compliqué donc peu probable. Nous souhaitons donc avant tout davantage de moyens humains et financiers nécessaires au bon développement de notre projet.
Pour aider l’Association pour le Développement de la Santé des Femmes sur VeoSearch, retrouvez-nous ici.
Retrouvez toutes les informations sur l'association sur le site internet de l'association

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