Magazine Cinéma
Théâtre de la Gaîté Montparnasse
26, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 16 18
Métro : Gaîté / Edgar-Quinet
Ma note : 7,5/10
Mon avis : Il faudrait être très difficile pour ne pas se montrer enthousiaste devant la performance époustouflante à laquelle se livre Véronic DiCaire pendant un peu plus d’une heure sur la scène de la Gaîté Montparnasse. Pour nous mettre d’emblée dans le ton, après une annonce à la rock star, elle nous sert une sorte d’échantillon de ce qui nous attend. En quelques très brefs extraits, elle campe une poignée de têtes d’affiche de l’acabit de Madonna, Mylène Farmer, Britney Spears, Michael Jackson… C’est rapide, tonique, efficace et ça nous met dans des conditions idéales.
Mais avant d’aller plus loin dans l’exposition du spectacle, attardons-nous un instant sur l’artiste elle-même. Véronic DiCaire est blonde, élancée. En pantalons de cuir, bottines à hauts talons, veste cintrée à paillettes discrètes, elle est très, très agréable à regarder. Elle est tout simplement belle, quoi ; ce qui, pour une humoriste est un atout non négligeable. En plus, elle dégage une joie de vivre, une pêche, une générosité qui vont nous emporter tout au long de son show. Car avec elle, il faut parler de show. Débordante de vitalité, très à l’aise avec son corps, elle bouge sacrément bien et possède un art consommé de l’occupation de la scène, n’hésitant même pas, quand son personnage l’impose, à prendre des postures quelque peu outrées ou caricaturales. Le seul mot qui puisse la résumer, c’est « performeuse ».
Et puis, - j’ai failli oublier – elle chante. Quelle(s) voix ! C’est d’ailleurs un problème : elle chante souvent bien mieux que les artistes qu’elle imite !
Elle entame son show par une pseudo rubrique que l’on pourrait intituler « chansons à la carte ». Elle demande à quelques personnes du premier rang de lui fredonner un air quelconque et elle s’engage à l’interpréter dès qu’elle en aura identifié la mélodie. Bien sûr, il y a là un gag que je vous laisse le plaisir de découvrir. Très facile, délicieusement expressive, elle se glisse efficacement dans les peaux de Véronique Sanson et d’Axelle Red. Seul petit bémol, les textes d’introduction amenant ces imitations sont un peu faiblards ; ils manquent de peps et de mordant.
Le thème suivant, baptisé « les télégrammes chantés » est une super bonne idée car ils lui permettent d’entrer cette fois de plain-pied dans la parodie. Françoise Hardy, France Gall, Vanessa Paradis, Céline Dion jouent les porteuses de ce genre de pli personnalisé. Là aussi les textes sont inégaux (j’ai bien aimé celui mettant Vanessa Paradis en scène). On aimerait qu’ils soient un peu plus incisifs. Attention, ces quelques remarques n’enlèvent en rien la qualité de certaines imitations et la performance scénique. La puissance mélodieuse de sa voix quand elle interprète All By Myself est tout bonnement sidérante et nous scotche au fauteuil.
Troisième tableau : les NRJ Music Awards présentés par… Anne Roumanoff façon Radio Bistrot. A ma connaissance, c’est la première fois que je vois quelqu’un imiter madame « On en dit pas tout ». Ce qui n’est pas évident, mais plutôt réussi quant aux intonations. Défilent alors Shakira (quelle sensualité), Mylène Farmer (avec sa gestuelle si caractéristique), Olivia Ruiz (rarissime), Britney Spears (provocante à souhait), Christina Aguilera… Le gros avantage des Québécois, c’est qu’ils sont parfaitement bilingues. Du coup, les imitations des voix anglo-saxonnes frisent la perfection (comme je vous l’ai dit, c’est souvent mieux que l’original).
Quatrième chapitre : l’imitation mode d’emploi. Véronic nous explique les quelques astuces pour entrer dans la peau et s'accaparer les cordes vocales des différents personnages. Les cobayes sont alors Vanessa Paradis (quelle maîtrise de l’ondulation !), Arielle Dombasle, Amy Winehouse, Patricia Kaas, Tina Turner, Mireille Mathieu, Dalida, Susan Boyle, Madonna… Mention spéciale aux imitations de Winehouse, Kaas, Turner, Mathieu, Dalida et d’une émouvante Boyle. Mais la jeune femme ne laisse jamais trop longtemps l’émotion nous étreindre et elle y coupe court avec une pirouette facétieuse. Après tout on est surtout là pour s’amuser.
Evidemment, lorsqu’elle s’approprie les artistes québécoises, ses payses, elle est particulièrement étonnante. On ferme les yeux et on entend Lynda Lemay (Voix parfaite, mais emploi regrettable d’un « E » intempestif à la fin du mot « hiver »), Isabelle Boulay, Lara Fabian (stupéfiante de mimétisme). Et elle enchaîne avec une délicieuse parodie de Carla Bruni (bien écrite celle-là).
La fin du show s’articule en trois parties. Elle se métamorphose en Edith Piaf, ce qui nous permet outre l’émotion que ce tableau dégage, de découvrir qu’elle a autant de charme en brune. Puis elle s’attaque à LA Céline Dion, la chanteuse cultissime, en une savoureuse succession des grandes époques de sa carrière. Là encore on assiste à une incroyable performance (je sais, je dis souvent « performance », mais je n’ai rien trouvé de plus précis dans mon dictionnaire de synonymes). Et enfin histoire de confirmer qu’elle a plus d’une corde (vocale) à son arc elle termine en apothéose en mettant en scène un superbe duo Dion-Maurane sur Quand on n’a que l’amour de Brel, duo qui voit la salle se lever spontanément pour lui offrir une vibrante ovation…
Voilà, le show est terminé. On est heureux et emballé d’y avoir assisté. On pourrait la surnommer Véronic « Disquaire » tant son échantillonnage vocal est large et varié.
Je ne me rappelle plus si je vous l’ai déjà précisé : sa prestation sur scène est une formidable… performance. Ce spectacle d’une heure en appelle maintenant un autre, un peu plus long, un peu plus abouti sur le plan de l’écriture des enchaînements et des parodies. Pour le reste, j’ai rarement rencontré une chanteuse aussi enchanteresse et aussi ébouriffante de talent et de présence. Je pense qu’elle ne va pas tarder devenir une véritable coqueluche du public français.