Face aux colères de la planète, les réactions divergent. “Reconstruire des digues suffisamment puissantes, solides et hautes” pour Ségolène Royalou, comme pour Philippe de Villiers faire acte de contrition, construire plus loin, sacrifier la vue pour la sécurité ?
“La nature lui parle, et le genre humain ne l’écoute pas” écrivait Victor Hugo. De fait, il est illusoire de penser que c’est à la mer de s’adapter au trait de littoral tracé par l’homme.
Les spécialistes l’ont toujours rappelé : toutes les côtes sédimentaires, là où il y a du sable, sont menacées. C’est à l’homme de s’adapter car le littoral a toujours bougé. Avec justesse, Philippe de Villiers a rappelé que la mer est imprévisible et qu’elle est toujours plus forte que l’homme. Celui-ci ne doit donc pas pêcher par orgueil en construisant des digues toujours plus hautes.
Tout est une question d’argent. Le prix du foncier peut faire la culbute s’il s’inscrit en zone constructible ou, à l’inverse, sombrer dès lors qu’il figure dans une zone à risque. Argent toujours quand on veut coûte que coûte son pré-carré de bonheur à soi mais que dans le même temps on veut faire acquitter le prix de sa sécurité par la collectivité.
Trop pressé, Nicolas Sarkozy s’est fourvoyé lors de son déplacement éclair en déclarant que “Nous devons faire de toute urgence toute la lumière sur ce drame inacceptable et incompréhensible“. Des propos qui illustrent parfaitement le mot de Mencken selon lequel “pour chaque question compliquée, il y a une réponse simple, claire et fausse“.
Laissons pour une fois du temps au temps, condition nécessaire pour tirer toutes les conclusions de cette catastrophe qui est, contrairement à la déclaration présidentielle, totalement compréhensible. Refusant tout fatalisme, Nicolas Sarkozy se campe dans sa posture favorite. Celle qui consiste à déclarer inacceptables les drames et à vouloir désigner coûte que coûte des coupables alors qu’en l’espèce, les responsabilités sont partagées, habitants compris.
La solution de facilité comme pour d’autres sujets consisterait à faire adopter un texte législatif de circonstances. Les réglementations pourtant existent. Le problème, c’est qu’elles ne sont pas respectées faute de détermination à les faire appliquer. C’est là que l’Etat doit être présent ainsi que dans la détermination précise des responsabilités en matière d’entretien des ouvrages de sécurisation. Ce travail est d’autant plus nécessaire que les chiffres donnent le vertige. La France compte 10.000 km de digues, dont 1.000 à risques, a indiqué Chantal Jouano, la ministre de l’Ecologie.
Questions risques justement, suite à ce qui c’est passé à Haïti et au Chili, il serait intéressant de mettre le nez dans l’urbanisme de la côte d’azur, région française la plus exposée aux aléas sismiques.