Les vies de chaque protagoniste résonnent les unes dans les autres de telle manière que j’ai eu le sentiment de lire non pas un recueil de nouvelles, mais un roman à proprement parler. Un conte de fées cruel, pour être plus précise. Car ils semblent bien maudits, ces hommes et femmes à qui les bourrasques du sort viennent ôter toutes illusions de bonheur. Chaque histoire me voyait reprendre espoir, comme je tenais farouchement à ce qu’au moins l’un de ces personnages s’en sorte. Qu’il ne ploie pas sous le poids de la contrainte sociale, familiale, qu’il ne trébuche pas sur les pierres que le hasard malicieux a lancées devant ses pieds !
J’étais touchée par ce que ces personnages ont de sincèrement humain, dans leurs élans de tendresse, leurs lâchetés, leurs égoïsmes et ces petits gestes héroïques du quotidien, que l’on accomplit pour la bonne cause, mais avec de mauvaises raisons.
Daniyal Mueenuddin © Flickr
Fort heureusement, Daniyal MUEENUDDIN ne m’a pas permis de me complaire dans mes rêveries romantiques, comme une memsahib dans ses coussins de soie, que viendraient rafraîchir la brise du crépuscule et un verre de thé glacé. La Saison des Mangues introuvables ne célèbre pas un Pakistan légendaire, nimbé de gloire, d’encens et de la poussière ocre des routes que soulèvent les éléphants.De Lahore à Islamabad jusqu’à Paris, les chaînes héritées de l’époque féodale et coloniale pèsent comme une gangue sur l’échine des malheureux qui pensent trouver le bonheur. Espoirs déçus, vies volées, aucun ne pourra oublier qu’il est à la merci d’un concours de circonstances fâcheux, quand ce ne sont pas leurs propres désirs qui inexorablement les tirent par le fond. Nulle complaisance dans ces nouvelles et c’est rageuse, hors d’haleine que j’ai refermé ce livre, essoufflée d’avoir couru après tant d’espoirs
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