Pendant que sa famille implose lentement mais sûrement - une mère n’arrivant pas à faire le deuil, une grand-mère indélicate, un père et une sœur décidés à mener leur enquête mieux que la police – Susie est coincée dans un monde intermédiaire, aux portes du paradis. Elle surveille sa famille, et son meurtrier.
Le monde de Susie est un monde de fantasme, sombre et merveilleux à la fois, dans la conception duquel une bonne partie du budget du film est certainement passée. Dommage, car le plus intéressant dans Lovely Bones, c’est ce qui passe sur Terre, dans le voisinage de la famille Salmon. Un drame familial et policier, où chacun vit le drame de l’absence de Susie comme il le peut.
Tension et suspense se dégagent sans difficulté de cette intrigue, mais c’est la mélancolie qui domine. La mélancolie d’une famille ne parvenant pas à surmonter la mort d’un enfant. La mélancolie d’une adolescente que l’on a arrachée à la vie alors qu’elle y prenait franchement goût. La mélancolie fait le film de Jackson. Ce qui est dommage, c’est qu’en ne se consacrant pas suffisamment à la famille, le cinéaste manque de donner suffisamment d’épaisseur à ses personnages et à sa narration. On aimerait les voir plus fouillés, ces personnages. On aimerait sentir avec plus d’évidence le temps qui s’écoule.
Par petites touches (notamment le personnage du tueur, campé par le toujours irréprochable Stanley Tucci), Jackson réussit son film. Mais la délicate mélancolie ne fait pas tout.