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La frêle ossature de Lovely Bones

Par Tred @limpossibleblog
Après les millions d’entrées du Seigneur des Anneaux, après son remake monstre de King Kong, qui eût cru que le nouveau film de Peter Jackson sortirait dans un climat de quasi indifférence ? En France comme aux États-Unis, Lovely Bones n’a pas fait de vagues au box-office, n’a pas charmé la presse, et n’a pas conquis le public peu nombreux qui l’a vu. En l’espace d’un film, adapté du roman « La nostalgie de l’ange » d’Alice Sebold, le réalisateur de la trilogie la plus retentissante de la décennie est redevenu un cinéaste comme les autres.
La frêle ossature de Lovely BonesLe film n’est-il donc digne d’aucun intérêt ? Non. Lovely Bones est, malgré l’indifférence générale, un bon film. Inégal et mal dosé, à n’en pas douter. Le sujet était après tout risqué. Plus exactement la construction de l’histoire. Le point d’ancrage du film est Susie Salmon, une adolescente américaine des années 70, insouciante, rêveuse, qui un jour ne rentre pas du lycée. Elle a disparu. Elle a croisé le chemin de monsieur Harvey, un homme du quartier aux pulsions meurtrières qui en a fait sa victime. Mais personne ne soupçonne monsieur Harvey, et personne ne retrouve le corps de Susie.
Pendant que sa famille implose lentement mais sûrement - une mère n’arrivant pas à faire le deuil, une grand-mère indélicate, un père et une sœur décidés à mener leur enquête mieux que la police – Susie est coincée dans un monde intermédiaire, aux portes du paradis. Elle surveille sa famille, et son meurtrier.
Le monde de Susie est un monde de fantasme, sombre et merveilleux à la fois, dans la conception duquel une bonne partie du budget du film est certainement passée. Dommage, car le plus intéressant dans Lovely Bones, c’est ce qui passe sur Terre, dans le voisinage de la famille Salmon. Un drame familial et policier, où chacun vit le drame de l’absence de Susie comme il le peut.
Tension et suspense se dégagent sans difficulté de cette intrigue, mais c’est la mélancolie qui domine. La mélancolie d’une famille ne parvenant pas à surmonter la mort d’un enfant. La mélancolie d’une adolescente que l’on a arrachée à la vie alors qu’elle y prenait franchement goût. La mélancolie fait le film de Jackson. Ce qui est dommage, c’est qu’en ne se consacrant pas suffisamment à la famille, le cinéaste manque de donner suffisamment d’épaisseur à ses personnages et à sa narration. On aimerait les voir plus fouillés, ces personnages. On aimerait sentir avec plus d’évidence le temps qui s’écoule.
Par petites touches (notamment le personnage du tueur, campé par le toujours irréprochable Stanley Tucci), Jackson réussit son film. Mais la délicate mélancolie ne fait pas tout.

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