Le Magicien
Récemment libéré de prison, il reprend le cours de sa vie : observer, attirer, tuer. Pour ses victimes, il reste LE Magicien. Son public préféré : les enfants.
Un homme se méfie de lui, le commissaire Mistral. Formé à dresser le profil psychologique des tueurs en série et à les traquer, il a senti derrière ces récentes disparitions et meurtres de jeunes garçons la signature d'un même homme. Invisible, secret, insaisissable. Un magicien...
Extrait : A l'intérieur de la prison, les activités ont commencé. Dans un grand couloir peint aux couleurs gaies et lavables du gris administratif, deux détenus poussent un chariot rempli de linge. Ces deux-là n'ont pas de visite. Les deux hommes ne se parlent pas, ils sont indifférents l'un à l'autre. Le plus petit des deux a l'air complètement absent, s'il était sur la lune ce serait pareil. Sauf qu'il a seulement l'air d'être absent, tous ses sens en éveil, surtout la vue ; il a repéré, quinze mètres devant, deux ouvriers faisant des travaux, accompagnés d'un surveillant. L'homme pousse le chariot du côté droit, les ouvriers sont sur sa droite. Juste avant d'arriver à leur hauteur, il a aperçu un banal tournevis qui se trouve sur le dessus de la boîte à outils. Il le veut. Il sait comment il va le transformer. En passant devant les ouvriers, un linge tombe naturellement du chariot ; sans même regarder ce qu'il fait, machinalement et l'air absent, le type récupère le linge et le tournevis. Personne n'a rien vu, pourtant tout le monde l'a regardé ramasser son linge. Arrivé dans la lingerie, le tournevis passe de la pile de linge à l'intérieur de la manche de sa chemise. Le petit homme vient d'enclencher son dernier acte en prison. Il quitte la lingerie et se rend avec d'autres aux cuisines.
L'avis de Dazboness : Tout d'abord il faut noter que ce livre a été écrit par un commissaire divisionnaire de la police judiciaire, et qu'il exerce depuis vingt-cinq ans. Ce n'est donc pas un simple auteur décrivant la police mais un policier décrivant l'univers de la police judiciaire lors de ses enquêtes.
Bien entendu, cette histoire reste une fiction et, un franc succès du point de vue de l'écriture. L'auteur nous permets de ressentir aussi bien la pression des pulsions meurtrières du Magicien, aussi bien que la pression qui repose sur l'équipe chargée de mettre fin à ses agissements. En alternant les points de vue entre le tueur et le commissaire, il décrit d'autant mieux les forces et les faiblesses de chacun, son passé, ses opportunités.
De plus, l'auteur ne se limite pas à une enquête, mais en profite pour impliquer le lecteur dans le raisonnement des inspecteurs, dans le cheminement de leurs recherches. Mais aussi dans leur compréhension de la vérité au sujet du Magicien. L'enquête à elle seule mérite de remplir l'ouvrage mais ce serait oublier les réalités de la vie que Jean-Marc Souvira a tenu à garder à l'esprit en rédigeant cet ouvrage : il n'y a jamais une enquête unique mais plusieurs faits divers, reliés ou non, qui nécessitent chacun une enquête. Et nul n'est à l'abri d'une implication émotionnelle dans des affaires de ce genre. Pas plus qu'il n'est à l'abri de la jalousie des uns et l'ambition des autres.
En conclusion un livre très bien écrit. Un policier très noir par la nature même du criminel, mais heureusement contrebalancé par des personnages incarnant ténacité et sens du devoir et de la justice.
Auteur : Jean-Marc Souvira
Editeur : Pocket
Prix : 7,30 euros
Nombre de pages : 479
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