Shutter Island

Publié le 01 mars 2010 par Soupaloignon

Mercredi est sorti Shutter Island. Initialement prévu pour le mois d’Octobre 2009, j’ai enragé car Dennis Lehane est pour moi L’auteur de polar. C’est forcément une question de goût mais je le préfère à un J. Ellroy, principalement car j’ai du mal à retenir les noms de personnages et qu’avec ce dernier, il y en a 10 nouveaux toutes les 5 pages. Et puis, si certaines oeuvres sont mal, très mal adaptées sur grand écran, il faut avouer que ceux de D. Lehane ont été des très bonnes adaptations. Forcément, il y avait quelques points qui m’ont irrité mais dans l’ensemble c’était vraiment bon.

En 1954, le marshal Teddy Daniels et Chuck Aule arrivent sur l’île de Shutter Island. Celle-ci abrite un hôpital psychiatrique pour les cas les plus dangereux. Les deux marshals enquêtent sur la mystérieuse disparition d’une patiente tout en subissant la méfiance des locaux et  alors qu’un ouragan se prépare.

Bon il est certain que je trouve ce film bon. Très bon même. L’oeuvre de Dennis Lehane est fidèlement retranscrite, ce qui tombe bien puisqu’elle se suffit à elle-même. Principalement car on se retrouve toujours devant un puzzle dont on comprend l’ampleur qu’à la fin. Les petits détails en plus (et en moins) ne sont là que pour pouvoir expliquer le twist final.

Oui car le véritable problème du film est qu’il est déjà vendu comme un un film à twist final. Du coup, toutes les personnes qui ont vu le film l’ont trouvé avant que celui-ci soit révélé.

Concernant la mise en scène, Martin Scorsese traduit assez bien l’atmosphère qui se dégage de l’île mais pas au point de faire de celle-ci le personnage principal du récit. Sans être un grand connaisseur du cinéma des années 50 (quelques notions des grands films mais sans plus), on peut y voir un certain hommage. Chose qu’il explique lui-même lors de ses interviews, et qui me donnent envie de découvrir les films dont il parle.

Là où j’ai eu le plus de mal, ce fut la transformation de l’enquête en une simple disparition. Où est donc passée l’énigme:

La LOI DES 4
JE SUIS 47
ILS ETAIENT 80
+VOUS ETES 3
NOUS SOMMES 4
MAIS
QUI EST 67

Enigme que j’ai voulu résoudre moi-même avant de continuer ma première lecture et qui s’est avérée être un échec.

Ok, c’était une facilité pour ne pas trop plomber le film mais ça l’a privé d’une recherche plus poussée dans le cimetière. Surtout que cela est comblé par un approfondissement du personnage de Teddy Daniels qui se retrouve être trop torturé et qui culpabilise de trop. De fait, le personnage principal du roman, l’île, n’est pas assez mis en avant.

L’autre point négatif qui me vient à l’esprit est la fin. Celle du film n’est pas aussi ouverte que dans le livre. Je n’arrive pas à l’expliquer mais là, je sais comment est le personnage à la fin. Tandis qu’à chaque fois que je relis Shutter Island, ma perception de la fin se retrouve être différente en fonction de l’état dans lequel je me trouve lors la lecture.

Mais dans un autre sens, cette fin ciné ne semble pas avoir le même effet sur ceux qui n’ont pas lu le roman. Eux aussi se retrouvent devant un choix d’interprétation. Du coup, le film réussit la même chose en créant un débat à savoir si c’était un supercherie ou pas. Surtout que la dernière phrase prononcée par Dicaprio (encore une fois énorme, mais je lui voue un culte) est suffisante ) elle seule pour se faire sa propre opinion. Et est sans doute la meilleure chose du film avec le regard de Ben Kingsley

Dernier point, le film a été tellement vendu comme « vous allez voir il y a un twist à la fin » que les gens ont eu tendance à le chercher durant le film. Choses qui était assez facile, de mon point de vue de lecteur, avec les différents faux raccords qui doivent devenir évident à la deuxième vision.

Du coup, Scorsese qui devait se douter que le gens allaient être au courant assez tôt (avant même la sortie du film pour certains) et en profite donc pour en faire un film en rupture avec ses anciennes oeuvres (comme A.I le fut pour Spielberg) avec un rythme assez rapide.

En gros, si le film n’apporte rien à ceux qui ont lu le livre, il n’en reste pas moins un très bon film dans lequel on s’immerge intégralement. Le savoir-faire de Scorsese, les bonnes performances de Dicaprio et du reste du casting en fond sans doute le meilleur film de ce début d’année et quand on fera les comptes en Décembre, il sera en bonne place dans les différents tops. Mais je conseille tout de même de lire l’oeuvre en premier. Et puis, poussez le plaisir en s’intéressant aux aventures de Kenzie & Gennaro.