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Citoyens français : plus inquiets des conséquences de la grève que de la menace terroriste islamiste
Publié le 16 novembre 2007 par Christophe Laurent
Après un long silence, le Blog Citoyen reprend la parole pour s’interroger sur une information qui est sortie entre le mardi 13 et
ce vendredi 16 novembre 2007 dans certains médias du net mais qui a été quasiment occultée par les médias télévisés trop obnubilés par les mouvements de grève qui touche la France depuis mardi
soir.
De quoi s’agit-il ? Du déferrement devant le parquet de Paris de cinq personnes en vue d’être présentées devant le juge
antiterroriste. Le parquet de Paris a en effet ouvert dans l'après-midi une information judiciaire les visant pour "appartenance à une association de malfaiteurs en relation avec une
entreprise terroriste" et "infraction à la législation sur les armes".
Le début de cette affaire remonte au mardi 13 novembre la veille de la grève nationale de la SNCF lorsque sept hommes ont été
interpellés à Besançon et dans sa région. Selon les sources d’information, il semble confirmé qu’ils faisaient l'objet d'une surveillance parce qu'ils possédaient des armes de calibre de guerre
et s'entraînaient en forêt à intervalles réguliers.
Dans la quasi-totalité des médias, ces hommes sont présentés dans le titre de l’article, en général fort bref d’ailleurs, comme
des islamistes radicaux certes « présumés », mais au final on ne retient que cette information. Seul TF1 a titré différemment sur son site évoquant plutôt les circonstances dans
lesquels ces personnes ont été interpellées « armes de guerre et entraînements secrets à Besançon ».
Outre que cette information inquiétante a été occultée de fait par un événement beaucoup plus préoccupant pour la population à
savoir les conséquences de la grève dans les transports publics, on se demandera pourquoi les enquêteurs ont décidé de procéder à leur interpellation sous le chef d'"association de malfaiteurs en vue de la préparation d'une entreprise terroriste" justement à cette période-là alors que leur enquête date de deux ans suite à une information donnée aux
Renseignements Généraux de Besançon. Existait-il des informations supplémentaires laissant penser qu’ils allaient passer à l’acte ? A priori, rien n’a filtré en ce sens. Et les médias qui
font part de l’information ne s’interrogent à aucun moment sur ce point. N’est-ce pas pourtant le rôle des médias et des journalistes de prendre du recul sur l’information
brute ?
On notera, au contraire, que l’article de TF1 présente ce risque par la négative : « Pendant les premières auditions, certains des individus interpellés auraient reconnu qu'ils tenaient un discours djihadiste mais que jamais ils ne seraient partis
faire la guerre en Irak ou en Bosnie, comme cela a été avancé. Ne serait-ce qu'à cause de leurs familles et de leurs emplois. » Au lieu de cela la majorité des autres
médias font une présentation alarmiste laissant supposer qu'ils nourrissaient le projet de se rendre en Irak et envisageaient de faire le « djihad ». Cette dernière
évocation étant même employée de telle manière que l’on pourrait penser que ce « djihad » était destiné contre la France. Pourquoi les médias français, s’ils ne détiennent aucune
information précise à ce sujet, laissent-ils planer un tel doute ? Fallait-il inquiéter la population française ?
D’autres éléments au sujet de ce dossier apparaissent comme contradictoires selon les médias. Ainsi, en va-t-il de la nationalité
des personnes interpellées. D’un côté, ils sont désignés par TF1 comme « tous de nationalité française », d’un autre côté (France 2), on évoque « plusieurs français d'origine
bosniaque » tandis que La Croix parle de « un Algérien et quatre Français dont trois d'origine bosniaque et un d'origine algérienne ». C’est à se demander comment les journalistes
font leur boulot notamment sur un point aussi important. Ou bien ce sont leurs sources qui les baladent ?
En résumé, la seule chose dont on soit certain c’est que cinq personnes ont été déferrées devant le Parquet de paris en vue de
leur présentation devant le juge antiterroriste et que les citoyens français sont plus inquiets des conséquences de la grève que de la menace terroriste …