Nous avions consacré un premier article, élogieux, à la nomination de Didier Migaud à la Cour des Comptes. Certains lecteurs, dont Jean-Marc Serrigny, nous ont fait part de leur désapprobation. Nous vous proposons ici un autre article, nettement plus critique, qui reprend l'essence des critiques concernées.
Autre chose : nous avons apprit il y a peu la nomination de Didier Migaud à la présidence de la cours des comptes. Didier Migaud est le député de l'Isère, président de la commission des finances de l'assemblée, à qui l'on doit certaines lois plutôt bien venues sur le contrôle des finances publiques par les députés.
Mais il est aussi celui qui assume la présidence de la Métro (communauté d'agglomération Grenoble Alpes Métropole) depuis plusieurs années et à qui l'on doit le trou de près de 400 millions d'euros dans les finances de cet organisme. Ce déficit est dû à des actions inconsidérées dont les politiciens de tous bords se rendent malheureusement souvent coupable, comme l'embauche par les collectivités locales de personnel superflu pour faire baisser les statistiques du chômage (ce qui implique une augmentation de la fiscalité à retardement) ; et la hausse faramineuse de la fiscalité locale ces dernières années n'y a rien put changer.
La chambre régionale des comptes vient d'ailleurs d'épingler monsieur Migaud sur sa gestion, comme l'évoque le site Rue89.
« Le président de communauté d'agglomération Didier Migaud a, au mieux, fait preuve de légèreté dans le rendu comptable de sa gestion et, au pire, usé d'artifices. [...]
Plus grave : l'agglomération de Grenoble, qu'il préside depuis 1995, est dans une situation financière très alarmante [...] Fin 2006, la dette par habitant dans l'agglomération de Grenoble était de 774 euros, contre 159 euros à Saint-Etienne, 130 euros à Toulon, 111 euros à Rennes et 30 euros à Rouen. [...]
Pour pallier cet endettement (notamment dû à la construction d'un grand stade), Didier Migaud (à qui le conseil de communauté délègue chaque année sa compétence en matière de « couverture du risque de taux ») a eu recours à une forte proportion de produits financiers structurés, connus depuis quelques années sous le vocable de « produits toxiques » : 26,3% de l'encours de la dette, soit 88 802 976,30 euros, selon l'annexe au compte administratif 2007. »
Didier Migaud, qui déclarait ce jour sur France Inter que son rôle de premier président de la cour des comptes est avant tout de contrôler le bon emploi des fonds publics.
Décidément, la ville de Grenoble n'est pas mise à l'honneur par ses politiciens...
Extrait du blog de Liberté Chérie. Image : Didier Migaud à l'Assemblée Nationale. Image de Serge-Henri Bouvet sous licence CC paternité 3.0