La grande désillusion sur l’engagement des entreprises en Europe
Publié le 01 mars 2010 par Alternativechannel
par Décisions durables
A partir de l’étude de l’agence Vigeo sur le reporting de 759 entreprises européennes en matière de responsabilité sociale et environnementale, que pouvons-nous dire de la réalité de leur engagement ?
Cette étude conduite de 2007 à 2009 par Vigeo a passé 759 entreprises européennes cotées au crible de 34 indicateurs couvrant de multiples champs : de la gouvernance aux relations avec les actionnaires et les clients, des droits de l’homme, de l’environnement et la biodiversité jusqu’aux libertés syndicales.
L’étude se fonde sur de multiples sources d’informations émanant des entreprises elles-mêmes, directement ou indirectement. Pour ces entreprises cotées, confrontées à une forte concurrence qui les oblige à être rentables, les enjeux du développement durable offrent des opportunités mais sont aussi source de contraintes.
Leur communication est donc primordiale, mais gare au greenwashing ! Les consommateurs sont de moins en moins dupes de ces entreprises qui mettent en avant une stratégie de responsabilité sociale et environnementale pour se valoriser à peu de frais, alors que leurs actions restent symboliques…
L’étude menée par Vigeo en dit long sur les préférences et les stratégies réelles. Ainsi les indicateurs d’objectifs des entreprises laissent apparaître leurs vraies priorités : les informations sur la gouvernance, le respect des actionnaires (renseigné à 95%), les mécanismes de contrôle et le fonctionnement du conseil d’administration sont largement disponibles. Le critère arrivant en haut de tableau étant l’équilibre des pouvoirs (renseigné à 97%).
En revanche, les objectifs sur la rémunération des dirigeants, le respect et l’aménagement du temps de travail, les droits fondamentaux (liberté syndicale, droit de négociation collective, promotion du dialogue social) font grise mine (renseigné seulement à 52%, le respect du temps de travail est bon dernier). Tout aussi inquiétant, la réduction des impacts environnementaux liés aux transports se trouve aussi en fin de tableau, avec un petit 60%.
Cette étude nous apprend également que les secteurs économiques qui affirment le mieux leurs objectifs sont les télécommunications (76%), les services aux collectivités (76%) et les automobiles et équipementiers (75%). Ce n’est pas surprenant : très exposés au regard de la société civile, des médias, des consommateurs, ces secteurs redoublent d’efforts pour être responsables.
La prise de conscience semble bien réelle au niveau des entreprises, le développement durable étant devenu un sujet très sensible. Reste à savoir si tous ces objectifs se concrétiseront en actions… pour l’instant, nous sommes encore loin du compte.
Une étude édifiante à lire dans sa globalité dans Décisions durables n°2, que vous trouverez dans les bons kiosques