Le triste bilan de la tempête Xynthia est d’abord le résultat d’une série de coïncidences bêtement naturelles, auxquelles s’ajoutent des décennies d’approximation dans l’urbanisation du littoral (l’exemple de ce qui vient de se passer en Vendée en est une sordide illustration) et d’absence totale de culture du risque en France (si l’ordre d’évacuer avait été donné, les habitants exposés l’aurait-il tous pris au sérieux ? pouvions-nous imaginer l’océan comme chez lui dans les rues de La Rochelle ?).
Coïncidences ? oui : des vents particulièrement forts (jusqu’à 159 km/h sur l’île de Ré, jusqu’à 200 km/h dans certaines stations des Pyrénées) ; une marée haute au plus fort de la tempête (pleine mer à 4 h 34 à La Rochelle dans la nuit de samedi à dimanche) ; un coefficient de marée parmi les plus élevés de la saison (102, le maximum sera atteint demain : 116).
Or tout cela est banal, normal, naturel : il est habituel que le vent souffle en tempête en hiver en milieu océanique ; le phénomène des marées n’est imputable qu’au soleil et à la lune ; c’est ainsi. A marée descendante avec les coefficients de la semaine précédente (38 au plus bas, autant dire rien), le bilan serait ridicule, la mer n’aurait pas détruit les digues et ne serait pas entrée dans les maisons en un quart d’heure, tout bêtement par la porte du salon.
Le bilan s’est encore alourdit : 50 morts, il reste des disparus. C’est aussi un lourd bilan économique : dans les Pyrénées, des remontées mécaniques sont abimées voire détruites, certaines stations ne rouvriront pas d’ici la fin de la saison ; sur le littoral, des exploitations conchylicoles, en particulier des bouchots du côté de Charron, en Charente-Maritime, sont partis avec le flot. Passons sur l’état des campings, vous avez tous vu les images sur le web, dans la presse ou à la télé. Ce n’était pas un tsunami (pas de séisme à l’origine du phénomène), mais il n’est pas absurde que les survivants puissent faire le rapprochement, tant la soudaineté de l’événement les a surpris.