Pascal est parti travailler. Je suis seul dans notre appartement aux tons chaleureux et rempli de vieilles choses qu'il a patiemment collectées au fil des vides-greniers que nous aimons tant faire durant les doux mois de l'année.
Moi, ce qui me plaît là-bas, ce sont surtout les buvettes.
Y foncer pour acheter une cannette de coca et une merguez-frites et voir Pascal se moquer de mon comportement qu'il juge puéril et accessoire...
Parce que lui quand il est dans un vide-grenier, ce n'est pas pour rigoler ! Il a sa mission !
Tel un détecteur ambulant, il se doit de scanner chaque petit recoin de chaque stand afin d'y déceler la perle rare qui fera sa petite fierté personnelle et sa grande joie du moment.
Bouffe à la main et beaucoup moins patient, je le suis péniblement dans les allées en me demandant quand le détecteur sera à court de courant...
Nous repartons généralement avec deux ou trois objets : anciens appareils photos, vieilles caméras, 78 tours, gramophones, machines à écrire... qui seront une fois à la maison, astiqués, revernis, opérés par ses gros mais éminemment habiles doigts. Une minutieuse chirurgie esthétique qui leur donnera une nouvelle apparence, comme cette machine à écrire qui a rejoint l'étagère noire du bureau aux côtés des autres patients merveilleusement remis de leur opération et désormais très bien portants...
Et si les objets ont aussi une âme, Pascal, en les restaurant, aurait-il envie de laisser une trace dans le chemin de leur existence comme celle qu'il a déjà laissée dans la mienne... ?