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Le jeu de la mort / l'expérience extrême

Publié le 01 mars 2010 par Anaïs Valente

A ne pas lire si vous être de France et vous préférer attendre la diffusion sur France 2 le 17 mars, mais à lire si vous être de Gelbique et vous déjà avoir vu émission vendredi.

Vous connaissez cette chanson, " Né en 17 à Leidenstadt" (JJ Goldman)...

Plutôt qu'un long discours, les paroles :

Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt
Sur les ruines d'un champ de bataille
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j'avais été allemand ?
Bercé d'humiliation, de haine et d'ignorance
Nourri de rêves de revanche
Aurais-je été de ces improbables consciences
Larmes au milieu d'un torrent
Si j'avais grandi dans les docklands de Belfast
Soldat d'une foi, d'une caste
Aurais-je eu la force envers et contre les miens
De trahir, tendre une main
Si j'étais née blanche et riche à Johannesburg
Entre le pouvoir et la peur
Aurais-je entendu ces cris portés par le vent
Rien ne sera comme avant
On saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres
Caché derrière nos apparences
L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau ?
Ou le pire ou plus beau ?
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau
S'il fallait plus que des mots ?
Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps
D'avoir à choisir un camp

Je me suis souvent demandé ce que, moi, j'aurais fait dans ces situations : indifférence, prise de position, résistance, collaboration (tchu, et ça fait des rimes sans le vouloir en plus).

Ouais, ne riez pas, je me pose ce genre de questions.  Je me pose tout le temps des questions.  Je me pose trop de questions, je sais.

Et après avoir vu "Le jeu de la mort", je me suis posé les mêmes questions : j'aurais fait quoi, moi, dans cette émission ?

Spontanément, je dirais "ooooh, voyons, ma bonne Dame, j'aurais tout arrêté, moi je suis empreinte d'empathie, de respect, jamais, JAMAIS, je n'aurais sciemment torturé quelqu'un".

Et sans doute les participants à ce jeu auraient-ils dit la même chose... et pourtant...

Bon, si vous ne pigez rien de ce que je vous raconte, un chtit résumé :

Stanley Milgram a mené une expérience controversée dans les années 60, sur le pouvoir de l'autorité d'un scientifique sur un individu.  Il a donc recruté des volontaires et leur a fait croire que, par tirage au sort, ils seraient des questionneurs, tandis que leur voisin (un complice) serait candidat, lequel devait mémoriser des associations de mots.  Le questionneur l'interrogeait ensuite et, à chaque erreur, devait lui infliger une décharge électrique, de plus en plus forte.  Les dernières doses sont mortelles, le complice hurle à qui mieux mieux, mais 62,5 % des questionneurs vont aller au bout, sous la "pression" du scientifique.  Des variantes existent, et si ça vous passionne autant que moi, y'a plein de détails sur Wikipédia.

De cette expérience fut tiré un film, I comme Icare.  Je l'ai vu en plus, mais je ne m'en souviens pas du tout, sauf que je pense y voir Michel Piccoli, mais pas sûre.  Faut que je le revoie, ce film.

Dans "le jeu de la mort", expérience réalisée en 2009, le test est identique, si ce n'est qu'il mesure le pouvoir des médias.  Ici, les questionneurs pensent participer à un pilote d'une émission, pour lequel ils ne seront pas payés, ne gagneront rien.  Le pilote ne sera jamais diffusé, donc aucun espoir de "gloire".  Le public n'est au courant de rien.  Le chercheur est ici remplacé par une animatrice qui enjoint régulièrement, selon des règles strictes, les questionneurs à continuer à infliger les décharges.

Moi je pensais qu'il y avait un million d'euros à la clé, ce qui peut sacrément motiver, mais nenni.  Je pensais aussi que le public serait complice, poussant le questionneur autant que possible, et bien nenni.

Je ne vais pas vous expliquer les résultats, les variantes, les réactions, il faut voir pour comprendre. 

Sauf qu'ici, 81 % des candidats ont été jusqu'au bout.  Parfois sans même manifester la moindre hésitation, souvent en hésitant, voulant arrêter, recommençant... mais allant jusqu'au bout.

Incroyable.

Mais vrai.

Et ça fait peur.  Ça fait peur car les candidats, c'est vous et moi.  Des gens normaux.  Et pourtant, ils l'ont fait.  Paraît qu'ensuite ils ont dû être pris en charge par un psy, sans doute pour avoir confirmation qu'ils ne doivent pas être enfermés, car réaliser par la suite qu'on a accepté d'infliger des décharges, comme ça, sans hésitation ou si peu, ça doit bouleverser un homme.

Ça fait peur.

Mais ça fait réfléchir, c'est l'essentiel.

Au pouvoir des médias, bien sûr.  Mais, en généralisant, à celui de tout qui a autorité sur l'être humain. 

L'émission est passionnante et angoissante, car on se dit sans cesse "ça aurait pu être moi, et j'aurais fait quoi ?  Oh, j'aurais arrêté bien sûr... enfin je crois... enfin j'espère".

A voir.  A revoir sur le site de la RTBF.  A voir sur France 2.

Et puis à lire, aussi, puisque "L'expérience extrême" donne les détails de toute l'expérience.  Ça devrait être passionnant, et c'est mon nouveau livre de chevet...

A voir ou à revoir ici (mais à mon avis ce sera interdit aux non-Belges).



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LES COMMENTAIRES (1)

Par InternetDev
posté le 05 avril à 21:24
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"Le Prix du Danger" prévient "Le jeu de la mort" enffume "Kholanta" et même la télé réalité (Loana) applique en vrai les conneries, alors qu'on les avaient prévenu

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