... Hier soir, j'étais donc au Parc de
Princes, temple divin, pour voir mon équipe se prendre une belle branlée et une leçon de réalisme de l'équipe phocéenne. Antoine Kombouaré, entraîneur du PSG a vu des marseillais "insolents de
réussite" selon ses propres mots. Moi, j'ai surtout vu une équipe qui met au fond les occasions qu'elle se procure, qui joue bien, sereinement. Contrairement au PSG. Pourtant, les Rouge et Bleu
n'ont pas été ridicules malgré ce que le score pourrait laisser croire. En première mi-temps, ils ont sept occasions de marquer. Sept. Pas une dedans. Manque d'adresse, d'envie, de caractère, de
couilles. Marseille en a une. Pas une couille, ne vous méprenez pas. Une occasion. Et elle est au fond des filets. Toujours l'occasion, pas la couille. Aucune "insolence" là dedans cher Antoine,
juste des joueurs qui font le métier comme on dit, qui pratiquent un jeu dont le but est de mettre un ballon entre trois poteaux et pas de faire tourner la balle inlassablement si possible
latéralement jusqu'à la perdre, fatalement, à un moment.
Mais plus que le résultat, c'est le public du Parc qui m'a mis méchamment en rogne. La Tribune Auteuil qui se met au diapason du niveau de connerie de la Tribune Boulogne, ça, ça me fout hors de
moi. Je suis vraiment un inconditionnel du Parc, du PSG, de ces émotions. Mais hier soir, pour la première fois en 30 ans, je me suis demandé si j'avais envie d'y retourner. Si les 8000 connards
de la Tribune Auteuil et les 8000 connards de la tribune Boulogne méritaient encore que l'on s'associe à eux. Boulogne a longtemps été connu pour certains de ses éléments nazillons bas du front
qui ont longtemps commis des exactions que le club ne sanctionnait pas assez. Mais depuis quelques années, le ménage a été fait et seuls subsistent quelques éléments bien mieux encadrés. Hier
soir, ce ne sont même pas leurs appels à la Marseillaise, leurs bras rapidement levés qui m'ont soulevé le cœur. Hier soir, c'est la Tribune Auteuil qui m'a dégoûté. Cette tribune qui fut en
réaction à la tribune bien blanche de Boulogne, une tribune multi-raciale, détendue, où l'on pouvait vraiment apprécier un match de foot avec de vrais fans, cette tribune tombe irrémédiablement
vers le même niveau de débilité profonde que les rasés d'en face.
Photo : Reuters / Philippe Laurenson.
Hier soir pour la première fois, revenait au Parc Gabriel Heinze, défenseur argentin de son état et Marseillais de son contrat. De 2001 à 2004, il a joué pour le Paris-Saint-Germain et fut
l'idole du Parc des Princes. Par son esprit, son abnégation, son implication, sa fougue et sa passion pour ce maillot rouge et bleu, il a livré des matchs d'anthologie, gagné des duels avec sa
rage, tout donné à chaque seconde de chaque match, à chaque battement de cœur, à chaque foulée, à chaque tacle. Des mecs comme lui au PSG, des joueurs en amour pour un club, avec ce sens de la
dévotion, qui donnent tout tout le temps, il n'y en a pas eu beaucoup dans l'histoire du PSG. Jeannol, Fernandez, Llacer (oui, malgré son niveau), Susic, Ricardo, Raï, Simone, Sorin. Et hier
soir, sous les couleurs du PSG sur le terrain, des joueurs prêts à tout donner pour ce maillot, il y en avait peu. Peut-être un ou deux.
Gabriel Heinze a plus donné au PSG que la somme cumulée des efforts des 11 joueurs parisiens sur le terrain depuis le début de leurs carrières à Paris. Ce mec claironne encore et toujours son
amour du PSG à chaque interview. Pourtant, entretemps, il a joué à Manchester United et au Real Madrid, deux des plus grands clubs au monde. Mais fort des émotions, des relations qu'il s'est crée
en jouant pendant 4 ans au PSG, il a ce club au cœur viscéralement. Aux viscères ou au cœur ? Les deux. Le jour de la mort de son père, le Parc a fait une minute de silence comme jamais
auparavant. Gaby Heinze était le sale gamin du Parc et sa parcelle gauche de terrain était une citadelle inviolable, un champ de bataille. Il galvanisait l'équipe, suait, sang et eau pour ce
club. Et pourtant... À chaque intervention sous le maillot adverse pendant l'échauffement... hué. À chaque touche de balle pendant le match... hué. Mais Gabriel Heinze a la classe. Après le
premier but marseillais, il ne va surtout pas rejoindre ses coéquipiers pour les féliciter. Par pudeur, par respect du PSG. Après le deuxième but marseillais pour lequel il distille une passe
décisive de son pied gauche magique, il fuit à nouveau ses coéquipiers, ne cherchant pas à extérioriser. La classe.
Ce n'est pas Heinze que vous huez, bande de connards décérébrés, c'est le club que vous tuez. C'est son âme que vous piétinez. Un club où même si les supporters marseillais ne viennent pas comme
hier soir, les pseudos supporters de ce club arrivent quand même à se mettre sur la gueule avant le match pour des histoires de cour de récré, un drapeau volé, une rancune aussi tenace que le
niveau de leur bêtise. Un club où deux tribunes opposées s'insultent copieusement pendant le match, insultent les joueurs, l'actionnaire qui s'en fout car ce qui l'intéresse en premier lieu, ce
n'est pas le foot, c'est le Parc.
Quand un club ne va pas, les vrais supporters décrètent l'union sacrée. Tout le monde doit aller dans le même sens. En sifflant Heinze, il n'est pas question de sens mais d'absence. Votre mémoire
est courte comme vos idées, comme votre passion. Gabriel Heinze est grand. Auteuil et Boulogne, vous êtes tout petits.