LIRE EN CROATIE et SLOVENIE

Publié le 01 mars 2010 par Abarguillet

Lettres d’exilés croates et slovènes

Terminons notre voyage dans les Balkans en parcourant la Croatie et la Slovénie réunies dans un même article pour cause de manque de lectures slovènes dans mon stock. Ces deux pays ayant une bonne partie de leur histoire commune, ils peuvent être abordés, sans difficultés majeures, dans une même approche surtout si l’on considère que tous les écrivains que nous rencontrerons lors de notre périple croato-slovène sont tous des expatriés qui ont quitté leur pays pour fuir la guerre, la dictature, la violence ou une autre misère. Velibor Colic réside désormais en Allemagne qu’il a rejointe en 1992 pour fuir le régime de Milosevic à Belgrade où il résidait depuis la fin des années trente. Dubravka Ugresic vit aux Pays-Bas depuis qu’elle a été accusée de nuire aux intérêts de son pays. Marica Bodrozic vit, elle aussi, en Allemagne où ses parents l’avaient précédée pour trouver un emploi. Et enfin, notre guide, Brina Svit, la seule Slovène de notre sélection, vit, elle, à Paris où elle écrit désormais directement en français. Con Brio son premier roman, comme le suivant, ont été écrit en serbo-croate puis traduits en français.
Con Brio  de Brina Svit  ( 1954 - ….)

"Elle au printemps lui en hiver" Tibor "joue la comédie du vieil amant qui rajeunit" comme dans la chanson que Pierre Delanoë a écrite pour Serge Reggiani mais il n’a pas compris "Qu’au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable" (Romain Gary) et qu’il n’est qu’ "un clown entrain de faire son dernier tour de piste". Kati-Katarina-Grusenjka cherche autre chose, un autre amour … dans ce livre-film ou chaque chapitre est une scène, où les mains sont les acteurs, où chaque plan détaille le décor de la robe jaune à tulipes, de la culotte négligemment jetée sur le tapis jusqu’aux objets soigneusement choisis par l’antiquaire ex-compagne. Mais, ce livre-film respire plus Montparnasse quand les artistes du monde entier y traînaient leur nostalgie et leur désespoir et bouffaient la vie à pleine dents en rêvant de gloire et d’immortalité que le quartier de l’Étoile, des touristes et hommes d’affaires en tout genre, même si Balzac a laissé son nom à la rue de Tibor

Le rôle de ma famille dans la révolution mondiale  de Bora Cosic  ( 1932 - ... )

Dans ce court roman, un petit garçon de dix ans raconte la deuxième guerre mondiale et la révolution qui a suivi. Il raconte, comme il rédige ses rédactions, les menus faits qui affectent la vie quotidienne de cette famille victime de tous les tourments qui sévissent dans la région, la guerre bien sûr mais aussi les chefs révolutionnaires qui contestent à cette famille le rôle qu’elle prétend avoir joué dans le triomphe de la révolution en la reléguant dans une seule pièce pour réquisitionner le vaste appartement qu‘elle occupait auparavant. Une description qui ne se départit pas d’une certaine forme d’humour pour raconter cette famille peu stimulante où le père alcoolique, la mère défaitiste, le grand père sceptique et l’oncle coureur de jupons encadrent deux jeunes tantes amoureuses d’un célèbre acteur américain. Un regard original sur toutes les misères qui ont affecté cette région depuis le début de hostilités en 1939.

Le musée des redditions sans condition  de Dubravka Ugresic  ( 1949 - ... )

Dans ce roman, Dubravka Ugresic campe douze brèves histoires qui s’articulent paritairement autour de deux thèmes. Le premier concerne la difficulté de vivre des exilés qu’elle construit à travers son expérience personnelle et le second, le passé de la Yougoslavie et la tentative panslave conduite d’une main de fer par Tito. Constitué d’une mosaïques d’histoires, de souvenirs et d’anecdotes, ce roman met en scène une galerie de personnages pris entre deux cultures, déchirés entre deux mondes celui où ils vivent et celui d’où ils viennent. Le musée des redditions sans condition existe réellement à Berlin où il a été fondé par les Soviétiques.

Tito est mort   de Marica bodrozic  ( 1973 - ... )

Ce livre est un recueil de nouvelles qui sont des sortes de portraits tirés du monde paysan qui est resté figé depuis des lustres dans cette campagne croate où est née Marica. En vingt-quatre histoires, ce livre reconstitue, avec une fraîche candeur, l’atmosphère archaïque de ces villages de la côte dalmate dans un monde idyllique où la nature est restée encore intacte mais où, aussi, les paysans sont restés étriqués, peu ouverts et souvent agressifs. Un livre plein d’une poésie qui pourrait évoquer un reliquat de romantisme fossilisé comme ces paysans croates dans leur campagne originelle.


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