Retour aux années 60 pour mes indispensables cette semaine, avec encore une fois un disque sorti en cette année incroyable : 1968. "Odessey And Oracle" est aujourd'hui un album culte de cette époque et pourtant cela n'a pas toujours été le cas. La faute aux Beatles, aux Beach Boys, voire aux Kinks, tous ces groupes qui ont éclipsé de leur talent tout le reste de la pop des sixties. Les Zombies étaient alors considérés comme des seconds couteaux, des outsiders, jamais destinés aux plus hautes marches du succès commercial et critique. Pour la quasi-intégralité de leur carrière, c'était sans doute assez mérité. Le problème, c'est qu'il y a eu ce disque "Odessey And Oracle". Et quel disque ! Il restera bizarrement comme le dernier du groupe, comme son baroud d'honneur, histoire de dire juste avant de partir qu'eux aussi étaient capables de sortir des chefs d'oeuvre pop. Car ici, pas un titre qui ne soutiendrait pas la comparaison avec les glorieux morceaux de "Pet Sounds" ou de "Revolver". J'aurais tendance à dire que ce disque serait même supérieur à ces deux-là, mieux arrangé encore. Mais je dois sans doute être de mauvaise foi, préférant toujours les "losers".
Le principal (seul ?) reproche que l'on pourrait tout de même faire au sujet de ce disque concerne peut-être les textes qui restent légers, un peu niais. Mais c'est l'époque (le style ?) qui voulait ça, les Beatles et les Beach Boys n'étaient d'ailleurs pas mieux lotis, à ce jeu-là. Comment alors expliquer une telle absence de reconnaissance pendant si longtemps ? Car il faut bien avouer que cela ne fait que depuis quelques années seulement qu'ils sont cités parmi les meilleurs groupes des années 60. Leur nom, en tout cas, ne devait pas représenter un réel avantage, car on imaginerait plutôt les Zombies comme un vieux groupe de metal. Deux de leurs membres, Rod Argent et Colin Blunstone, continueront ensuite leur carrière séparément avec plus ou moins de bonheur mais toujours aussi peu de réussite. Depuis 2004, le groupe s'est reformé, comme beaucoup d'autres, pour quelques concerts et en 2008, ils ont même fait une mini-tournée pour le 40ème anniversaire d'"Odessey And Oracle" - le "e" de Odessey serait dû à une erreur d'impression qui est restée, plus par commodité que par souhait véritable, et qui participe sans doute un peu plus au charme de ce disque hors du commun. Ils ont encore quelques dates prévues, au Royaume-Uni essentiellement, pour 2010. Mais de là à aller voir ces vieux grands britons sur le retour, sur scène aujourd'hui ... Je préfère écouter, tranquille chez moi, ces quelques titres, éternels évidemment.