Capitalisation de la peur

Un soir de tempête Nationale, le lendemain d’un tremblement Chilien d’une alerte « tsunami » dans le pacifique, c’est Claude Allègre qui est invité de C/Politique sur France 5. Bizarre ? Non ! Il vient de livrer un nouveau livre anticonformiste.

Avant même parution les controverses s’allument et l’on n’évite pas les habituels « qu’il s’occupe de géochimie et pas du reste … et encore » Le pachyderme manifestement dérange. Moi je goûte toujours avec délices les bafouillements  du contempteur de mammouths. Certes l’homme n’est pas un très grand orateur mais sa manière pataude de s’exprimer fait aussi ma joie.
Sur le fond on ne peut guère contester ses remarques sur le GIEC omniscient et “totalitaire”; il serait normal en effet que les opinions minoritaires puissent être également citées au sommaire et clairement publiées. Constatons simplement que la presse commence enfin à parler de la fraude scientifique du GIEC [ groupement d’experts sur le climat mandatés par l’ONU ], faussant des résultats depuis des années pour les faire coller avec les hypothèses et les “modèles”.

Cohn Bendit, sous une autre formulation, ne dit d’ailleurs pas autre chose : le spectacle d’une écologie de la contrainte, de la souffrance, de la décroissance n’est pas mobilisateur. Une écologie de l’innovation, de l’adaptation, du développement de nouvelles technologies créatrices d’activité et d’emplois est sans doute plus attractive.
Claude Allègre se refuse à employer le mot « complot » mais quand il décrit l’éco-capitalisme, cette extraordinaire mine d’or pour les profiteurs des peurs du siècle, il a parfaitement raison.
On imagine en effet assez mal le pactole que représente pour ceux qui ont su anticiper les modes, le tri, le traitement des déchets, la bio-économie etc. Il y a un véritable marché sacré de « la bonne conscience » et Al Gore ne vit pas d’eau fraîche.
Ne déformons pas les paroles et les idées : Allègre ne nie pas l’importance de ces questions du rapport de l’homme et de la nature, mais il discerne deux manières différentes de les envisager.
Celle encore prépondérante actuellement, punitive, restrictive, récessive et celle qu’il encourage, et bien d’autres avec lui, réactive, innovatrice et porteuse d’espoir y compris pour les plus pauvres du globe.
Il est effectivement trop facile de dire à ceux qui ont faim, soif, souffrent d’un développement médiocre : « Pour vous c’est fini … plus question de développement … Trop tard vous êtes passés à côté … Il fallait être à l’heure ! » Intenable, mes amis … Intenable.

Claude Allègre enfin, dénie « aux modèles » les honneurs. Vous savez ces « modèles mathématiques » qui prédisent l’avenir tels des « Madame Soleil ». On les fabrique à partir de paramètres définis comme prépondérants, pondérés par des variations observées sur des temps courts : une formule est mise dans l’ordi et roule ma poule pour les siècles à venir.
Des modèles du même type font tourner les banques et la finance internationale; on connaît la suite. Ils sont actualisés, corrigés avec des paramètres additionnels et reprennent leur course frénétique jusqu’à la découverte d’un nouveau paramètre, après nouveau dérapage. Restons avec les “modèles”, sur une toute autre question, sanitaire cette fois : la grippe (H1N1). Qui ne voit le rôle d’affolement joué par l’OMS avec là encore des experts “modélisateurs “, producteurs d’affolement pas perdu pour tout le monde.

Il n’y a pas de « modèles » pour prévoir l’avenir en quoi que ce soit, mais il devrait y avoir une volonté d’agir pour s’adapter à ce que l’on constate et pas à ce que l’on nous fait redouter. La capitalisation de la peur permet de ne pas agir sur ce que nous voyons et d’enrichir ceux qui jonglent avec les fantasmes. On avance pas avec des peurs mais avec des ambitions pour “ici et maintenant”