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Château de Chambert : le retour !

Par Eric Bernardin

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La vie est étonnante : le jour où je poste un compte-rendu de ma visite au Château de Chambert sur le forum LPV, son propriétaire s'y inscrit et intervient. Du coup, il lit ce que j'ai écrit, me répond avec beaucoup de gentillesse et d'élégance. Et m'invite à repasser afin d'avoir une visite plus complète.

Il se trouve qu'un lecteur et ami (celui qui m'a invité au Gabriel et rédigé mon portrait) m'a invité à déjeuner chez lui ... et qu'il habite à vingt kilomètres de Chambert ! J'ai donc contacté Philippe Lejeune pour savoir si je pouvais passer dans la matinée. Il n'était pas disponible. Par contre, Vincent Neuville, le directeur technique, l'était. Rendez-vous est pris.

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Le moins que l'on puisse dire, c'est que la météo du jour est contrastée. Un alternance de pluies et d'éclaircies qui laissent entrevoir un joli bleu. Cela me permettra de prendre des photos assez différentes de la dernière fois, avec des lumières vraiment intéressantes.

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Vincent Neuville m'accueille et m'emmène voir les vignes. C'est vraiment très va llonné, ce qui offre une variété de sols et d'exposition, apportant une complexité finale si on exploite le potentiel de chaque parcelle. C'est ce à quoi travaille toute l'équipe depuis la reprise en 2007. 

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Vincent travaille à Chambert depuis onze ans. Il a pu constater la richesse qu'apportait le regard de Stéphane Derenoncourt sur le travail du sol, les soins apportés à la vigne (en biodynamie) et la recherche de la meilleure maturité. 

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Toutes les vendanges sont mécaniques, avec des machines qui respectent les pieds de vigne et le raisin. Celui-ci passe ensuite sur des tables de tri perfectionnées qui permettent de séparer les bons grains de l'ivraie. Puis la vendange arrive en cuve.

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Une bonne partie de la cuverie est héritée de l'ancien propriétaire. Elle n'est pas vraiment adaptée pour faire des vinifications qualitatives : très hautes et étroites, ces cuves avaient surtout l'avantage d'occuper au mieux l'espace disponible.

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Les cuves que vous voyez au premier plan ont été installées lors de l'arrivée de Philippe Lejeune. Leur taille et leur proportion permettent de meilleures extractions (entre autres, utilisation d'un pigeur pneumatique, voir ci-dessous).

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Il y a eu également un changement au niveau du pressurage. Lors du décuvage, le marc est vidé dans des bacs en acier et amené jusqu'au pressoir afin d'éviter la trituration de la pompe. Puis le pressurage se fait à vitesse lente, pression faible, et sans rebêchage (normalement, il y a des chaînes à l'intérieur du pressoir qui "cassent" le marc compacté lorsque les plateaux s'écartent afin de mieux le pressurer ensuite. Là on presse une fois, et c'est fini). Du coup, le vin de presse est de très grande qualité et est assemblé presque de suite aux "vins de goutte".

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Le vin est ensuite élevé en barriques, neuves ou d'un vin. Ce chai qui semble avoir toujours existé a été construit dans les années 70 par l'ancien propriétaire. Il y avait autrefois ici un chemin qui passait en contrebas du cuvier d'origine. La plupart des pierres proviennent des vignes du domaine, très généreuses en la matière.

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J'ai pu déguster une dizaine de barriques de 2009, provenant de plusieurs parcelles et de différents tonneliers. Un point commun : une belle maturité se ressentant dès le nez, explosant de fruits noirs et d'épices. Après, selon le type de sols, les textures se révèlent plus ou moins denses, avec des finales plus moins puissantes. Mais tout est d'une fraîcheur intense, avec une belle pureté de fruit. Quelques barriques sont tout simplement superbes. Ce qui est remarquable, car le vin a été entonné il y a quelques semaines et traverse ce que l'on appelle la "prise de bois" (beaucoup plus marquée sur certaines barriques que d'autres).

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J'ai ensuite dégusté les pré-assemblages des 2008, rapatriés en cuve. Le Chambert a du charme et du peps, avec un fruit de belle intensité et une finale marquée par le fer, bien présent dans les argiles du vignoble. Le Grand vin a un nez expressif, dominé pour l'heure par un élevage noble (très grande proportion de bois neuf dans ce millésime - corrigé le millésime suivant). La bouche est dense, avec de l'énergie et une fraîcheur évoquant le menthol. Les tannins sont présents mais bien mûrs. Pour un vin "brut de cuve" dégusté à 10°, il se goûte bien. A bonne température et carafé, nous aurions sans conteste un très beau vin !

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J'ai pu de nouveau goûter les 2007. La différence entre les deux cuvées est vraiment marquée. Le château Chambert a un nez un brin végétal (pointe de poivron au milieux d'un bouquet de fruits noirs sauvages). Et une bouche douce, fruitée, aux tannins veloutés s'asséchant un peu en finale. Pas mal, mais rien de très excitant. Alors que le grand vin a un nez que j'apprécie beaucoup, mêlant la violette, le graphite et la cerise noire confite. La bouche impressionne par son élan et sa droiture ; une matière dense, mûre, vibrante. Une finale virile, avec une mâche jubilatoire qui appelle une nouvelle gorgée (je m'en suis resservi un verre, d'ailleurs). Vraiment un très beau vin qui a un bel avenir devant lui !

Il est l'heure pour moi de filer : mon ami Pascal m'attend pour un repas plein de surprises...

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 Merci à Vincent Neuville pour ce beau moment d'échanges

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