Parce que pour devenir populaire et pouvoir arrêter de travailler huit heures par jour (l’horreur) en étant enfin payée exclusivement à rédiger des billets extraordinaires et brillants depuis son domicile ou en direct des défilés de haute couture (l’orgasme), une blogueuse véritablement ambitieuse ne reculera devant rien, même pas une séance de sado-masochisme rémunérée avec Frédéric Lefevbre dans le rôle de l’esclave sexuel…
En général, quand tu écris sur un blog, c’est pour te regarder le nombril.
Ben oui.
Un blogueur ou une blogueuse, c’est basiquement très con, ça s’esbaudit béatement devant ses propres jeux de mots à deux balles (un peu comme un bébé de huit mois qu’est tout fasciné par son caca) et quand c’est vraiment très content, ça fait des petites bulles de salive avec sa bouche.
Un blogueur ou une blogueuse, ça se trouve tellement bon et tellement trop bien que ça ressent le besoin instinctif de partager cette montagne de génie avec la terre entière, donc d’attirer un max’ de lecteurs.
Rajoute à ça l’envie d’être enfin payée à rien foutre (à part jouer avec un Iphone® pour tweeter des remarques consternantes en direct de la dernière vente privée Cerruti®) et tu auras plus ou moins cerné le seul et unique objectif de ce blog et de sa taulière (myself).
Mais.
Pour avoir du lectorat et commencer à envisager la rétribution sonnante et trébuchante, tu auras beau retourner le problème dans tous les sens et le prendre par tous les trous bouts, ben tu en arriveras toujours à la même conclusion:
Faut coucher.
Oui.
Et pas faire semblant, hein.
Non.
Faut y aller gaiement, mettre du cœur à l’ouvrage et oublier la signification de mots comme « fierté », « décence » ou « amour-propre ». Pour grappiller quelques places au classement Wikio et attirer les grandes marques de lessive, mon couillon, tu ne dois jamais lésiner sur la flatterie et surtout, ne jamais reculer face à la pire des compromissions. Par exemple, ne pas hésiter à afficher ça:
(Oui, après je peux prendre un aller simple pour Ouagadougou, vu que de toute façon j’aurai perdu le peu d’amis que j’avais)
Alors forcément, quand je lis ça: « Vous avez un blog mode, un blog beauté ou un blog d’humeurs ? Participez au grand concours blog et gagnez des sacs-à-main, des chaussures, des bijoux ainsi qu’une semaine de remise en forme ! »
Avoue que ça fait grave envie.
Même si en vrai, je me préoccupe des sacs à main et des godasses comme de ma première chemise. Parce que moi, ce que je vise, c’est évidemment la notoriété en cas de victoire. Le flot de gourdasses que ça va me rapporter sur ma homepage. Des vagues et des vagues de kikou-loleuses niveau CAP coiffure, ou au contraire un tsunami de Bac + 5 aux revenus confortables et au niveau socio-culturel plus qu’impressionnant mais dont les vies sont suffisamment plates ou les complexes névrotiques suffisamment envahissants pour qu’elles n’hésitent pas à se traîner régulièrement à genoux en suçant le petit orteil d’une blogueuse fashion et glamour, rien que pour sentir Sa gloire et Son rayonnement les effleurer avec bienveillance.
Mon seul et unique but, c’est de pouvoir coller ça sur ma page d’accueil:
(Oui, après je pourai aussi me prendre un aller simple pour l’Amazonie, vu que le seul connard qui ne m’aura pas lâchée à cause du badge Marie-Claire se fera inévitablement la malle après m’avoir craché au visage)
Bien sûr, il ne s’agit pas d’éveiller les soupçons et de me griller bêtement en dévoilant dès le départ que mon Pas Blog ne traite ni de sacs Lancel®, ni de chaussures à talons, ni de crèmes pour peaux grasses, ni de fellations réussies dans un hôtel de charme en Jordanie (« Petra est soooooo glamour en cette saison! »). S’agit pas non plus d’avouer que je n’ai même pas le moindre petit sticker dans ma barre latérale qui incite les acheteuses potentielles de mes annonceurs à refiler quelques centimes coupables aux Africains ou aux Haïtiens pour qu’ils puissent eux aussi s’acheter des strings Chantal Thomas® . Déjà que j’habite en Armorique et pas dans la capitale, là où il y a toutes les lumières qui brillent et les crottes de chien qui fument au soleil sur les trottoirs mythiques des grandes avenues…
Bah non. Il faut ruser. Contourner le problème. Se fondre dans le décor.
….
A’gade comment que je les ai trop bien bluffées, les filles de chez Cosmo!