Décidément, il faut croire que le film de vampires est un genre difficile à adapter au cinéma. Daybreakers ne déroge pas à la règle et, même si le niveau est très au-delà des désespérants Twilight, il reste au final assez brouillon malgré un scénario alléchant. Oui, je suis déçu par tant de possibilités gâchées, aboutissant à un film peu abouti.
Daybreakers c'est quoi
En 2019, les vampires ont remplacé les humains et peuplent désormais la terre entière. Ils se nourrissent du sang des quelques hommes encore vivants, qu'ils capturent et conservent comme du stockage de nourriture.
Une société principalement a en charge cet approvisionnement en sang frais. Celui-ci, faute de quantité suffisante, est ensuite coupé avec un porduit de substitution pour répondre à la demande de la population. Les humains étant une race en voie d'extinction, un chercheur tente de synthétiser le sang afin d'en produire des quantités suffisantes pour sustenter tous les vampires.
Chaque tentative est un nouvel échec jusqu'à ce qu'un groupe de survivants humains lui montre une nouvelle voie de recherche et une solution apte à sauver les deux races.
Vous en conviendrez, présenté comme ça, le scénario donne plutôt envie et les possibilités offertes pour en faire un bon film sont nombreuses.
Daybreakers la critique
Malheureusement, Daybreakers est, au final, un film inachevé, brouillon voire même un peu bâclé. La rencontre humains/vampires, au-delà d'être improbable, est réglée en 2 plans très brefs et le trop plein de bons sentiments vient rapidement polluer ce qui, au départ, devait être un film d'affrontement entre deux races que tout oppose.
On peut facilement découper le film en trois parties bien distinctes :
- la mise en place des personnages et du coeur de l'histoire : la suprématie des vampires et la pénurie de sang humain
- l'alliance du chercheur et des humains à la recherche d'une solution
- la propagation de l'antidote et le rééquilibrage des forces
Sauf que les frères Spierig en ont décidé autrement et fait un montage totalement déséquilibré. La première partie est juste – la deuxième bien trop longue et la troisième inexistante. La fin est d'ailleurs tellement bâclée que, si l'idée est de suggérer une suite, c'est raté. Messieurs, avant de tenter d'attirer le spectateur vers une très hypothétique suite, encore faut-il réussir le premier et … c'est loin d'être le cas.
Oui, les effets de lumière bleutée façon Underworld sont réussis mais pas vraiment nouveau. Oui, Ethan Hawke est un bon acteur et son étrange impassibilité colle bien avec l'idée que chacun se fait d'un vampire. Oui, les maquillages sont réussis et les scènes d'actions aussi. Mais tout le reste est bancal.
Les personnages secondaires sont insipides (mis à part Sam Neil) et plutôt mal interprétés, Willem Dafoe en tête. L'aspect sentimental et existentiel trop présent ou pas assez mais jamais bien dosé. La dégénérescence de certains vampires est évoquée en permanence mais finalement peu montrée … bref, les bons sentiments de samaritain et du "je t'aime mais tu es un vampire" prennent finalement trop de place au détriment de l'action.
Au final, le spectateur est happé par l'histoire pendant la première demie-heure, s'assoupit durant une bonne heure et se réveille sur les dernières huit minutes pour s'apercevoir que le film se termine en queue de poisson comme n'importe qu'elle série télé américaine à multiples épisodes.
Messieurs les réalisateurs, il faut savoir faire des choix. Soit vous proposez un film d'action et dans ce cas, la moitié du film est inutile. Soit vous voulez faire un film sur les sentiments et les motivations de chaque personnage, et alors, il faut retirer l'autre moitié. Dans tous les cas, il est extrêmement difficile de jouer sur tous les registres et, à trop vouloir en faire, on aboutit à un résultat décevant pour tous.
Pas vraiment indispensable donc.