Le Canada et les Etats-Unis se retrouvent ce soir sur la glace de Vancouver en finale du tournoi olympique de hockey sur glace. L’une des clés de cette grande bataille pour l’or sera l’affrontement à distance entre les deux gardiens, Roberto Luongo et Ryan Miller.
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De l’importance du gardien de but
En hockey, plus peut-être que dans toute autre discipline, il est convenu que le rendement du dernier rempart est un déterminant majeur dans les bons résultats d’une équipe. Cette quinzaine olympique a confirmé, si besoin en était, cet état de fait. Les brillantes performances du Suisse Jonas Hiller et du Slovaque Jaroslav Halak ont grandement contribué aux remarquables parcours de leurs nations. Dans le même temps, les faillites d’Evgeni Nabokov et de Miikka Kiprusoff ont hypothéqué les chances de la Russie et de la Finlande lors de rencontres à élimination directe.
Les propos de l’entraîneur américain, Ron Wilson, accréditent cette idée d’importance capitale du gardien de but au sein d’un groupe : « Quand vous arrivés au match décisif, l’équipe avec le meilleur gardien a de grandes chances de l’emporter. »
C’est dire si la pression pèsera lourd sur les épaules de Luongo et Miller ce soir : leur rendement devant leur ligne sera prédominant dans la course à la médaille d’or.
Ryan Miller, le crack
A 29 ans, la sentinelle des Buffalo Sabres est actuellement considéré comme le meilleur à son poste en NHL. Alors qu’il domine les classements statistiques de la Ligue Nationale (93% d’arrêts, 2,16 GAA), il a débarqué à Vancouver en état de grâce. Il n’a jusqu’alors concédé que cinq buts, stoppant plus de 95% des lancers adverses. Son principal fait d’armes remonte aux phases de poules, lorsqu’il repousse 42 des 45 tirs canadiens, pour offrir la victoire aux Etats-Unis (5-3). Un tour de force impressionnant, qui le place en position de force avant de retrouver les hommes à la feuille d’érable ce soir.
Sans cesse focalisé sur ses performances, sa principale force est sa capacité de concentration. Impassible lorsqu’il est posté devant son filet, rien ne peut sortir Ryan Miller de son match : « Peu importe quel est le score, vous devez prendre en compte que l’autre équipe est capable de marquer autant de buts que vous. Mon boulot ne change pas, qu’il y ait 6-0, 1-0, 0-0 ou que nous soyons menés d’un but. Si je commence à considérer qu’un match est gagné, je ne fais plus mon travail. »
Perfectionniste dans l’âme, le gardien américain dégage sur la glace un calme et une assurance communicatives. Un bien inestimable pour ses jeunes et inexpérimentés coéquipiers (trois seulement possèdent déjà une expérience olympique), ainsi que le confesse le manager du Team USA, Brian Burke : « Ce que j’aime le plus chez lui, c’est son calme. Il est calme et efficace, et cette sérénité déteint sur nos jeunes joueurs, qui y trouvent un équilibre. Sans lui, nous ne serions pas là aujourd’hui. Ryan Miller est notre meilleur joueur. »
Roberto Luongo, la surprise
Si la présence du Canada en finale était forcément attendue, la titularisation de Roberto Luongo dans les buts est elle plus étonnante. La place semblait en effet revenir logiquement au vétéran Martin Brodeur, auteur d’une nouvelle saison exceptionnelle avec ses New Jersey Devils. Cependant, après s’être raté face aux Etats-Unis lors de la première phase, Brodeur est écarté au profit de l’idole locale Roberto Luongo, cerbère des Canucks de Vancouver. Celui-ci saisit la chance au vol, remportant quatre rencontres consécutives, affichant de solides lignes statistiques (92% d’arrêts, 1,75 GAA), en faisant rugir de plaisir le public à chacun de ses arrêts.
Lors de la demi-finale, alors que la Canada subit la pression de Slovaques revenus à un but en fin de partie, « Lu » réalise l’arrêt décisif sur Pavol Demitra, alors qu’il ne reste que neuf secondes au chronomètre. Il obtient ainsi le droit de concourir pour le premier grand titre de sa carrière : « Dimanche est une opportunité, ma première opportunité de remporter quelque chose de grand. Je suis vraiment excité et concentré sur ce challenge. »
Un sacré défi pour celui dont la capacité à gagner les matches importants est souvent remise en question, même si son talent est unanimement reconnu. Pour autant, Roberto Luongo, actuellement en pleine confiance, a toutes les clés en main pour réussir son pari. Il a en tout cas bien conscience de l’importance de cette journée si particulière : « Vous travaillez pour des moments comme cela toute votre vie. Il s’agit désormais de se saisir de ce moment. »
Alors que tout le peuple canadien attend un final des Jeux en apothéose, Roberto Luongo et Ryan Miller ont eux rendez-vous avec leur destin. Le dénouement de cette finale établira lequel possède l’étoffe des héros. Le vainqueur de ce combat des chefs se parera d’or, en inscrivant son nom dans le grand livre de l’histoire du hockey.