Peu de sociétés peuvent se venter de faire partie de ceux qui ont réellement fondé le paysage vidéoludique moderne. Atari, Nintendo, Sony, et bien sûr SEGA. Après l'effondrement de la Dreamcast et une période de silence, la marque au hérisson bleu est bien décidée à revenir sur le devant de la scène. Observons son plan d'action...
Un peu d'histoire...
SEGA fut fondé en 1940 sur l'île de Hawai sous le nom de Standard Games dans le but de fournir des machines d'arcades et autres flipper aux militaires américain en stationnement sur l'île. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la société fut déplacée à Tokyo par ses fondateurs et prit le nom de "Service Games of Japan". La société ne prendra le nom SEGA que près de 15 ans plus tard, en 1965, après la fusion avec Rosen Enterprises, un autre fabricant de machines d'arcades américain établi au Japon.
Il faudra attendre 1982 pour que SEGA diffuse sa première console de jeu, la SG-1000, qui marqua le début de 20 ans d'activité de la société en tant que constructeur de consoles. Si l'on parle encore aujourd'hui de "guerre des consoles", on doit ce terme aux premières batailles qui virent s'affronter Nintendo et SEGA lors de la rivalité entre la Mega Drive et la Super NES à la fin des années 1980. Cette bataille continuera sur chaque génération de consoles, se maintenant à niveau grâce à un marketing agressif, mais c'est un changement de joueurs qui signera l'arrêt de mort de ses consoles.
En 1995, SEGA sort la Saturn, une console solide, petit bijou technologique doté de nombreux jeux de qualité, mais chère et affrontant un concurrent de poids : la Playstation. Malgré l'échec commercial de la Saturn, le constructeur lance 4 ans plus tard la Dreamcast qui, malgré de nombreux avantages et de magnifiques jeux tels que Shenmue, n'arrivera pas à s'élever face à la Playstation 2. Cet échec marquera la fin de SEGA en tant que constructeur de consoles, et c'est en 2001 que la firme devient officiellement un "simple" éditeur de jeux.
Retour vers le PCPour une entreprise qui a été constructrice de consoles, l'arrivée d'une forte édition de titres PC pouvait sembler étrange, mais elle se comprend lorsqu'on connaît un peu mieux les rouages de cette industrie. En effet, éditer un titre sur console demande beaucoup d'argent pour la fabrication des cartouches, le paiement des licences et la distribution. Avoir une ou plusieurs grosses franchises sur PC pouvait permettre à SEGA de se re-présenter auprès d'un public qui ne le connaissait pas (ou plus), et de lancer un certain nombre de titres à succès éditables "facilement". La franchise phare du SEGA PCiste aura certainement été Total War, Seigneur du Wargame, qui continue d'avoir un grand succès encore maintenant. La série Football Manager, toujours au top, connaît également un succès mérité sur PC comme sur consoles.
Mais pour un succès, il y eu de nombreux échecs. On se rappellera notamment de The Club, fer de lance de la grande campagne marketing "Gaming is not a crime" qui devait redorer le blason de SEGA aux yeux des gamers, et s'est avéré être un jeu au mieux médiocre, du très moyen Space Siege, et des horribles Iron Man et Hulk.
Faire du neuf avec du vieux
Afin d'assurer un équilibre financier et de revenir sur le devant de la scène, SEGA se devait de se reposer sur des bases solides et peu chères. Quoi de mieux en ce cas que de réutiliser ses vieilles franchises 8 et 16 bits ? La réédition des Sonic de la Mega Drive fait un carton sur Xbox Live Arcade et Playstation Network, tout comme la "Mega Drive Ultimate Collection", compilation de nombreux jeux 16 bits de SEGA qui a connu un bon accueil en magasin pour un prix très limité.
Plus fort encore, SEGA a pris en chemin la vague iPhone avec le portage, encore une fois, de titres Mega Drive tels que Sonic the Hedgehog qui est l'un des jeux les plus vendus sur l'App Store, ou encore Street of Rage. Régulièrement, SEGA continue de nous ressortir ses vieilleries qui nous amusaient tant lorsqu'on était jeunes et qui, soyons honnêtes, sont toujours aussi bonnes. Comme quoi un gameplay éprouvé n'a pas besoin de graphismes avancés pour plaire.
Preuve ultime de l'énorme succès de ce type d'offres, la réédition par un constructeur tiers de la Mega Drive cette fois doté d'un disque dur comprenant 20 jeux de la console, ou encore l'annonce récente de la Zone SEGA, sorte de Mega Drive croisée avec une Wii comportant également un certain nombre de jeux anciens alliés à quelques créations et se jouant à l'aide d'un motion controller similaire à la Wiimote. Ce n'est pas avec ça que l'éditeur va conquérir le monde, mais on n'a définitivement pas fini d'entendre parler des titres SEGA des années 90.
PlatinumGames, les cavaliers de l'apocalypse
En mai 2008, personne n'attendait véritablement un retour en force de SEGA autrement qu'en rééditant d'anciennes gloires ou en imposant sa marque sur du casual gaming. Il fallait à l'éditeur un studio porte-parole fort et reconnu, et c'est là qu'est arrivé PlatinumGames. Tout nouveau studio japonais fondé par les créateurs de Devil May Cry et Resident Evil (excusez du peu), Platinum est arrivé tel un hard-rockeur dans un dîner mondain et a annoncé trois jeux ultra-hardcore sur trois plateformes différentes, sans cacher leur volonté de développer des titres plus adaptés à un public occidental, ce afin de prévenir des difficultés associées avec une industrie japonaise en train de pérécliter.
Audacieux, artistes et expérimentés, les petits gars de Platinum ont sorti de leur chapeau de prestidigitateurs Mad World, un beat-them-all adulte et sanglant au parti pris graphique certain qui, malgré les éloges de la critique, fut un bide commercial dans le monde entier. Second essai : Bayonetta, beat-them-all frénétique, allie cette fois succès critique et commercial. Le troisième test arrivera avec Infinite Space, un jeu de gestion-stratégie ambiance space-opera sur DS qui a effectué des ventes relativement moyennes au Japon et arrivera sous peu chez nous. Mais avant de connaître ce dernier résultat, Platinum a resigné avec SEGA pour le FPS Vanguard, que la rumeur donne sur PS3 et PSP.
Ultra Casual et Super Hardcore
La position éditoriale de SEGA depuis 2001 est étrange et ambigüe. D'un côté, l'éditeur caracole en tête des ventes avec des titres très grand public tels que la série des Mario & Sonic (dont le dernier volet, Mario & Sonic aux Jeux Olympiques d'Hiver, vient de dépasser les 6 millions d'exemplaires vendus en peu de temps), et de l'autre, il tente de séduire le public hardcore-gamer avec des titres de niche tels que The Club et Mad World, soutenus par une campagne marketing au titre sans équivoque : "Gaming is not a crime".
Alors, SEGA mangerait-il à tous les rateliers ? Peut-être bien, mais peut-être est-ce également le bon choix pour l'éditeur. En effet, suite aux échecs commerciaux de ses jeux gamer sur Wii, à savoir House of the Dead : Overkill et Mad World, SEGA a pu se recentrer et se relever grâce à l'apport financier de ses jeux casual. Bonne tactique, et encore plus honnête que malgré les échecs, l'éditeur ne s'est pas lancé dans le "tout casual" comme beaucoup, et a continué de soutenir son catalogue équilibré, entre casual et hardcore gaming.
Le futur : Sonic et Yakuza passent en code Alpha
En une dizaine d'années et malgré de nombreux échecs commerciaux, SEGA a su se relever et montrer au monde entier qu'il était encore un éditeur majeur, et leader, capable d'appréhender les nouvelles tendances (iPhone, distribution numérique, nouvelles plateformes) comme d'améliorer celles déjà existantes (création PlatinumGames). Que nous réserve l'avenir ? Une belle surprise tout d'abord pour les joueurs européens avec l'arrivée prochaine de Yakuza 3, une perle pour connaisseurs, sorte de GTA-like extrêmement japonais, premier épisode PS3 d'une série légendaire qui n'avait jusqu'à maintenant jamais franchis les frontières nippones.
Autre bonne surprise que l'on attend toutefois avec un peu d'inquétude : Alpha Protocol, RPG d'espionnage développé par Obsidian (Knights of The Old Republic 2, Neverwinter Nights 2, Fallout : New Vegas) qui devrait se présenter comme un Mass Effect de l'époque contemporaine. Plein de promesses, ce jeu a toutefois été repoussé un grand nombre de fois, au point que l'on en vient à s'inquiéter pour sa qualité finale.
Enfin, la meilleure des surprise pour les fans nostalgiques comme pour les nouveaux : le vrai retour de Sonic en 2D, avec Sonic 4 prévu sur XBLA, PSN, WiiWare et iPhone pour cet été. Les premières images, diffusées au compte goûte, augurent d'un Sonic 2 revisité à la sauce moderne, et les fans en frémissent. déjà Espérons que SEGA sans nous servir plus qu'un remake sans toutefois gâcher la franchise comme cela a déjà été fait de nombreuses fois avec des épisodes en 3D.
De nombreux autres titres prometteurs arrivent sous peu ou sont déjà présents, d'Aliens VS Predator 3 à Valkyrie Profile 2 en passant par Resonance of Fate, tous ces titres indiquent une chose : SEGA est de retour dans toute sa grandeur, et ça va chier.