Critique en avant-première : Chloe (par Jango)

Synopsis :
Une femme pensant que son mari est infidèle décide d'embaucher une escort girl afin de prendre son époux en flagrant d'élit d'adultère.

Critique :
Alors que le concours vous permettant de gagner des places pour aller découvrir Chloe est encore d'actualité, voici ma critique en avant-première qui vous donnera –ou pas- envie d’y participer ;)
Film étrange que ce Chloe. Remake du film français Nathalie… (que je n’ai pas vu donc je n’irai pas sur le chemin de la comparaison), le dernier film d’Atom Egoyan flirte entre plusieurs registres sans jamais en assumer un seul avec force. Contrairement à ses précédentes réalisations, Egoyan ne sera pas ici l’auteur du scénario. Certains y verront certainement l’explication de la qualité moyenne du film, malgré la qualité indéniable des cadres et de la direction.
En effet, Egoyan est considéré comme l’un des réalisateurs les plus talentueux pour filmer les ambiances intimistes, sensuelles et les malaises qui peuvent en résulter. J’avais chroniqué il y a quelques temps « La vérité nue », œuvre qui synthétisait assez bien la personnalité et les différents talents de l’artiste.

Catherine (Julianne Moore) est gynécologue. De fait, les relations sexuelles et la jouissance ne sont pour elles que des résultantes de pulsions et contractions. Persuadée que son mari (Liam Neeson) la trompe, elle engage la provocante Chloe pour pousser ce dernier dans ces derniers retranchements afin de découvrir sa vraie nature.
Elle symbolise ici la perte de confiance, elle qui cherche à séduire son mari sans le pouvoir…une femme en quête de désir sexuel, oublié ou simplement mis de coté. A travers les histoires racontées par Chloé sur ses aventures avec David (Liam Neeson), elle vit l’amour et le sexe par procuration. Un sentiment qui la mènera bien plus loin que ce qu’elle n’avait imaginé.
Tout le souci de ce film provient de son traitement presque pachydermique de la question. Drame flirtant avec le thriller dans les dernières trente minutes, tout semble arriver sans la moindre subtilité alors que justement, on aura été en droit d’attendre une grande finesse afin de renforcer ce sentiment de malaise. L’érotisme se veut suggérer mais ne l’est jamais (dès les premières minutes, on découvre Amanda Seyfried dans le plus simple appareil, Julianne Moore parle de sexe ouvertement etc etc... bref, du psycho-drame pour les nuls si vous me passez l’expression).

Pour les habitués du genre, le twist se devinera malheureusement bien vite et à l’heure de la révélation, il y a fort à parier que peu de gens ne soient surpris. Et comme si l’équipe était consciente des lacunes de ces premiers 2/3 du métrage, le dernier bloc du film change de registre et semble vouloir colmater ce qu'il est possible. On passe alors dans un style clairement thriller qui n’a finalement que peu de rapport avec le début. Alors que Nathalie… s’arrêtait à la révélation (merci Rob Gordon pour l’info), Chloé se poursuit pour finir en bizarrerie faussement malsaine et faussement choc.
Un film étrange donc et surtout pas abouti. Bancal du début à la fin, Chloé reste une œuvre intéressante pour le casting (surtout Amanda Seyfried dans un rôle plus érotique tu meurs) et la photographie, toujours excellente dans les films d’Egoyan. Pas désagréable à regarder mais finalement très mineur dès que le prend un peu de recul.
Allez et pour le plaisir, un petit comparatif de notre chère Amanda entre Jennifer’s Body (dans le rôle de la copine faire valoir) et Chloe (dans le rôle de la splendide bombe)…ah, les miracles du maquillage !


Sortie officielle française: 3 mars 2010