Le début de ce roman m'a captivée. J'ai beaucoup aimé l'idée de cette diagonale du vide : une bande virtuelle qui traverse la France du
Nord-Est au Sud-Ouest et qui est constituée de ses régions les moins peuplées. J'ai aimé l'idée de l'homme d'affaire blasé et désabusé qui quitte tout pour se retrouver au fin fond d'un village
perdu de la France profonde. J'ai aimé la manière dont Pierre Péju décrit cet endroit et ses habitants. J'ai aussi aimé l'image cette marcheuse solitaire et mystérieuse qui arpente cette
diagonale. Elle est jeune, belle et blonde et évidemment l'homme tombe amoureux
d'elle sans se l'avouer. Il la suit, elle disparaît, il enquête sur elle, retrouve une ancienne maîtresse...J'ai regretté qu'à un moment, l'histoire s'éloigne et quitte cette diagonale pour devenir une sorte roman noir et d'espionnage qui mène le
lecteur en Afghanistan, à New-York, à Paris... S'ensuit une série de rebondissements rocambolesques. On change complètement de style et c'est ce qui m'a perturbée. C'est comme si on passait d'un
roman à un autre. Certaines situations m'ont parues à la limite du ridicule, on se croirait presque dans une série B, avec un méchant pervers en fauteuil roulant. Seul le passage où Marc Travenne
revient dans le village natal de sa mère m'a touchée.
Un roman qui, du premier abord, m'a paru très prometteur, mais qui m'a déçu par la suite. En lisant les premières pages, je m'attendais à autre chose. Dommage...
extrait : "Pays perdu. Des pierres, beaucoup de pierres, dures et sombres que la pluie rend luisantes. Des maisons basses, très éloignées les
unes des autres, dont certaines ne sont plus que ruines encombrées de ronces, de fougères, et faciles à confondre avec un amoncellement de roches. Partout, des blocs de basalte surgissent dans les
déchirures d'un velours vert et rapé. De loin en loin, des bêtes humides, figées dans un vieux rêve. Les crinières des chevaux sont gorgées d'eau, comme est trempée la laine des moutons aux marques
rouges ou violettes. Du cul des vaches tombent régulièrement des paquets de bouse chaude et les crottes des chèvres sont autant de billes noires disséminées entre les brins d'herbe.
Même par temps clair, les ondulations infinies de cette terre ne procurent pas un sentiment d'apaisement mais d'apreté."
La diagonale du vide, Pierre Péju, Gallimard, 280 pages.
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