"La Russie est notre première conviction"
Boursier.com : La Grèce est au coeur de l'actualité avec le problème de ses finances publiques. Peut-on craindre qu'une telle situation se produise en Europe de l'Est ?
Karine Hirn : Absolument pas. L'Europe de l'Est en général, comme tous les pays émergents n'ont pas de problèmes d'endettement. Au contraire ce sont des pays qui ont été assez prudents par rapport à la dette, ce qui leur permet d'avoir des perspectives de croissance durable supérieures à celles des pays développés.
Justement, êtes-vous confiants sur la reprise économique de cette zone ?
Les signaux sont là. Ils sont tangibles. La plupart des pays d'Europe de l'Est auront une croissance positive en 2010. Beaucoup de gouvernements sont en train de revoir à la hausse leur perspective de croissance pour l'année en cours.
Du point de vue boursier, les marchés ont déjà beaucoup remonté l'année dernière. Quelle est votre vision pour l'année 2010 ?
La forte remontée de 2009 était déjà liée au fort déclin de l'année précédente. Mais nous sommes très positifs pour l'année en cours avec des valorisations qui restent très attractives. D'autant que les investisseurs reviennent sur une zone qu'ils avaient complètement délaissée en 2009.
Y-a-t-il des pays que vous privilégiez en Europe de l'Est ?
La Russie est notre première conviction pour un certains nombres de raisons. La croissance économique est présente, le taux d'inflation est faible et stable (selon les prévisions la hausse des prix sera pour la première fois en-dessous de la barre des 10% en 2010), les valorisations sont encore faibles malgré la remontée des derniers mois, et en générale un sentiment beaucoup plus positif sur le risque pays.
Comme de nombreux gérants, privilégiez-vous le secteur énergétique et notamment l'industrie du pétrole ?
Nous sommes spécialistes de la Russie depuis 1997 et depuis cette date nous sommes au contraire tournés vers les secteurs en dehors du gaz et du pétrole. Nous avons toujours favorisé des thèmes d'investissement plutôt liés à la consommation intérieure russe et non dépendants des exportations comme peut l'être le secteur de l'énergie.
Quelques pistes que vous suivez...?
Nous favorisons aujourd'hui le secteur bancaire avec la grande banque Sberbank. Mais nous nous intéressons aussi aux secteurs de la métallurgie, des télécoms et de la grande consommation, qui après ce phénomène de crise en 2009 sont en plein expansion.
Justement sur le secteur bancaire, il n'y a plus de craintes à avoir ?
A priori non. Les banques russes sont très bien capitalisées. A la limite, on peut même dire qu'elles sont trop capitalisées au regard de la diminution des provisions qu'elles avaient faites et d'un contexte de taux inflation plutôt stables. C'est donc un environnement très favorable au secteur bancaire.
(Jean-Baptiste André - Boursier.com - 24/02/10)