Un article intéressant de Santiago H. Amigorena, écrivain. Sujet : la démocratie malade de la dépolitisation. Selon lui, la dépolitisation, c'est un accord global entre les acteurs politiques, syndicaux et médiatiques pour déposséder à la fois l'état et les citoyens d'intervenir dans le jeu politique. Ce jeu, jusqu'aux années 1980, avait lieu d'une part dans les rapports de classes (qui ne s'expriment presque plus aujourd'hui, même dans la vie quotidienne, réduite pour la plupart des gens à un lent renoncement), d'autre part dans le système de représentation démocratique (mis à mal notamment par le référendum de 2005). Parmi les diverses formes que prend la dépolitisation, on pourrait citer l'argument mondialiste, le développement durable (mais sans les pays pauvres), le primat de l'économie sur le politique, la profusion d'experts, l'action de ceux dont la participation se borne à établir des limites au lieu d'ouvrir des possibles.
L'écrivain estime que la condition de son existence est rendue possible par un optimisme de façade. Il cohabite avec un triste pessimisme de la volonté.
Il faudrait l'inverse, estime-t-il. Un pessimisme de pensée et un optimisme de volonté.